Avec nos correspondantes à Londres, Marie Vivent et Marie Billon
A Londres, où 60% de la population avait voté pour rester dans l'Union européenne en juin dernier, contrairement à l'ensemble des Britanniques qui ont soutenu le Brexit à 52%, les habitants ont du mal à accepter cette séparation du bloc européen. L'article 50 a beau être activé aujourd'hui, le divorce entre l'UE et le Royaume-Uni est loin d'être prononcé, pour ces pro-Européens.
« Nous pouvons encore arrêter le Brexit, assure une Londonienne. Déclencher l'article 50 ne fait que lancer les négociations. Nous avons 2 ans devant nous. Et au final, nous pouvons dire "Désolé, nous avons fait une erreur, nous voulons rester dans l'UE". Nous devons stopper cette folie. Nous perdons déjà des docteurs, des infirmières, des professeurs. Ce pays ne pourra pas prospérer comme il le devrait. »
Un autre habitant de la capitale assure lui se considérer comme un citoyen à la fois européen et britannique. « Je ne sais pas quels seront mes droits lorsque j'aurai fini mes études, s'inquiète-t-il. J'ai l'impression que le gouvernement ne veut pas vraiment que la population sache ce qu'il a l'intention de faire. Je dois essayer de me battre pour sauver mon avenir. »
L'inquiétude est particulièrement forte chez les étrangers, notamment les trois millions de ressortissants européens résidant au Royaume-Uni, comme Suzanne, originaire des Pays-Bas : « Je fais partie de ces citoyens européens dont les droits ne sont pas garantis. Je vis ici depuis 20 ans, mes enfants sont nés ici, je travaille à l'université. Et je ne sais pas si je pourrai rester. »
Les pro-Brexit optimistes
D'autres habitants de la capitale espéraient au contraire que le déclenchement du Brexit soit plus rapide. Beaucoup de Britanniques ont voté pour la sortie de l’Union européenne car ils estiment que leur quotidien s’en trouverait amélioré.
« Bien sûr que nous voulons de meilleures conditions de vie, lance un Londonien. Nous allons pouvoir faire du commerce avec le monde entier, plus uniquement l’Union européenne, et on va arrêter de lui envoyer tout cet argent. Mais surtout, j’espère qu’il y a aura moins d’immigration. »
L'immigration est d'ailleurs l'une des raisons principales du vote en faveur du Brexit, pour cet autre habitant de la capitale : « Nous n’avons tout simplement pas assez de logements pour les gens d’ici, ceux qui sont nés en Angleterre. Ils n’ont pas assez d’argent pour vivre non plus. Et puis on voit une famille de 5-6 personnes arrivées. Ils ont droit à une maison à ci à ça ».
Andrew Bell, directeur d’une société spécialisée dans les matières premières, lui, a voté Brexit pour se simplifier la vie. « En tant que société cotée en bourse, nous serons très contents d'être libérés des régulations financières européennes qui sont pour la plupart inutiles ! » assure-t-il. Andrew Bell, comme beaucoup d’eurosceptiques, estiment aussi qu’en sortant de l’UE, le Royaume-Uni pourra retrouver son identité, et le Parlement de Westminster, sa souveraineté.