Ce duel a eu lieu après qu'une crise diplomatique a éclaté ce week-end entre La Haye et Ankara, liée à l'interdiction faite à des ministres turcs de participer à des meetings favorables au président Recep Tayyip Erdogan.
« Je veux que les Pays-Bas soient le premier pays à mettre un terme au mauvais populisme », a déclaré Mark Rutte, évoquant le Brexit et l'élection présidentielle aux Etats-Unis. Alors que ce débat déterminant devrait influencer les 60% d'électeurs encore indécis, le scrutin aux Pays-Bas est considéré comme un baromètre de la montée de l'extrême droite en Europe en cette année d'élections à travers le continent.
« On peut dire que ces élections sont les quarts de finale pour essayer d'empêcher le mauvais populisme de gagner », avait-il affirmé dans l'après-midi lors d'une conférence de presse. « Les demi-finales sont en France en avril et mai et ensuite, la finale en Allemagne en septembre. »
Interdire le Coran et fermer les mosquées
Mais « je ne joue pas des quarts de finale », a rétorqué Geert Wilders au terme du débat, « je joue une finale, une finale contre les menteurs, contre les législateurs ». L'élu anti-islam a promis, s'il devenait Premier ministre, de fermer les frontières aux immigrants musulmans, d'interdire la vente du Coran et de fermer les mosquées, dans un pays où environ 5% de la population est musulmane.
« Si vous voulez que l'argent aille aux demandeurs d'asile, à Bruxelles et en Afrique, plutôt qu'à vous-mêmes, votez pour le VVD » de Mark Rutte, a-t-il lancé. « Mais si vous voulez que les Pays-Bas soient à nouveau à nous, alors chassez cet homme et placez-moi dans la Petite tour », le bureau du Premier ministre, a-t-il poursuivi, en désignant son rival.
Le Premier ministre a exclu de présenter des excuses pour avoir expulsé samedi une ministre turque, mais plaide pour « une désescalade » de la crise avec Ankara. Geert Wilders, de son côté, a enjoint au gouvernement néerlandais sur Twitter de faire monter la pression: « Expulser l'ambassadeur turc des Pays-Bas et l'équipe tout entière. »
« Tweeter depuis son canapé »
« Il y a une différence entre tweeter depuis son canapé et diriger le pays », a lancé Mark Rutte à son adversaire qui ne s'exprime quasiment que par Twitter. Une pique qui a valu à Marc Rutte les premiers applaudissements du débat, rapporte notre envoyé spécial aux Pays-Bas, Christophe Paget. « Si on dirige le pays, on prend des mesures sensées. »
Le député d'extrême droite a affirmé avoir autrefois averti le VVD contre la Turquie, l'islamisation, le président turc Recep Tayyip Erdogan: « Ils m'ont expulsé du parti (...) ils ne m'ont pas écouté. »
Outre l'immigration, l’économie et la santé étaient les grands thèmes débattus. On a parlé maisons de retraite – Mark Rutte a promis d’y consacrer deux milliards d’euros, Geert Wilders l’a accusé de n’avoir rien fait pendant quatre ans sur ce sujet, osant un « les prisonniers et certains réfugiés sont mieux traités que ces personnes âgées ».
Pas de coalition avec l'extrême-droite
Candidat à un troisième mandat, Mark Rutte, qui gouverne depuis 2010, dit « se battre très fort » pour repousser Geert Wilders. En tête de la dernière étude publiée dimanche par le site de référence Peilingwijzer, son parti est crédité de 23 à 27 sièges sur les 150 que compte la chambre basse du Parlement, loin des quarante dont il dispose actuellement. Surfant sur la vague anti-immigration en Europe, le PVV a cependant reculé ces dernières semaines, avec 19 à 23 sièges crédités.
Si la victoire du député controversé est peu probable aux yeux des analystes, son idéologie s'adresse à une partie importante de la population néerlandaise et « est ici pour rester », selon Monika Sie Dhian Ho, directrice de l'Institut Clingendael à La Haye.