UE: Donald Tusk candidat à sa réélection, mais sans le soutien de son pays

Donald Tusk, président sortant du Conseil européen, brigue un deuxième mandat à la tête de l'institution européenne. Sa reconduction devrait être examinée au prochain sommet européen à Bruxelles, jeudi 9 mars. Mais le parti conservateur nationaliste au pouvoir dans son pays, la Pologne, dirigé par Jaroslaw Kaczyinski, refuse de le soutenir et propose son propre candidat, l'eurodéputé Jacek Saryusz-Wolski.

Certes, Varsovie n'a pas le pouvoir de bloquer la réélection de l'ancien Premier ministre polonais Donald Tusk à la tête du Conseil européen pour les deux ans et demi qui viennent. Mais pourquoi son pays ne le soutient-il pas ? D'où vient ce désaveu à l'égard du 2e président de l'histoire du Conseil ?

Flashback. En 2010, Jaroslaw Kaczyinski n'est plus le Premier ministre de son pays depuis trois ans. Mais son frère jumeau Lech est encore président. Il disparaît dans un accident d'avion le 10 avril en Russie. Jaroslaw se présente alors à sa place ; il est battu. Et perd les élections législatives l'année suivante.

Donald Tusk, qui avait perdu la présidentielle de 2005 face à ce tandem familial unique au monde, devient pour sa part Premier ministre à partir de 2007, en remplacement de Jaroslaw Kaczyinski. Absent du scrutin en 2010, il bat cependant ce dernier en 2011, reconduisant sa coalition gouvernementale.

Le chef des conservateurs ne serait pas convaincu que son frère est mort par accident

« Tusk est, d'une certaine façon, l’ennemi vital » de Jaroslav Kaczyński, décrypte Georges Mink, directeur de recherche émérite au CNRS, spécialiste de l'Europe centrale et de la Pologne. « Kaczyński n’a jamais pardonné à Tusk d’avoir été celui qui a été Premier ministre lorsque s’est produite cette catastrophe de l’avion présidentiel polonais en 2010, où est mort son frère jumeau Lech Kaczyński»

Donald Tusk ne fait plus de politique en Pologne depuis 2014. M. Kaczyński, lui, est de retour au premier plan. Mais « la thèse qui est développée par Kaczyński et ses amis », avance Georges Mink, auteur de La Pologne au cœur de l'Europe, aux éditions Buchet Chastel, c’est que le crash du 10 avril était « un complot entre Tusk et Poutine pour éliminer, en fait, quelqu’un qui gênait les deux, c’est-à-dire Lech Kaczyński ».

Voilà ce qui motiverait la situation actuelle, selon M. Mink, pour qui le fait que Varsovie ne soutienne pas son propre ressortissant, M. Tusk, laissera en tout cas « une très mauvaise impression parmi les pays membres ». Et de rappeler que le poste en jeu est « extrêmement prestigieux », « probablement l'un des plus prestigieux qu’un Polonais n’ait jamais exercé au plan international ».

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