Avec notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer
Un président chef de l’exécutif, sans Premier ministre, qui n’aura plus à couper les liens avec son parti politique, nommera et révoquera les ministres sans aucun contrôle parlementaire, choisira à sa guise un ou plusieurs vice-présidents, pourra gouverner par décrets, dissoudre l’Assemblée et décréter l’état d’urgence quasiment lorsque bon lui semble : telles sont les grandes lignes de la révision adoptée par les députés turcs.
L’examen des 18 articles du projet constitutionnel aura été rapide - une douzaine de jours - et particulièrement violent. On dénombre plusieurs blessés parmi les députés suite aux échauffourées qui ont émaillé les débats.
Coalition informelle AKP-MHP
Comme prévu, l’AKP a fait bloc derrière le texte et a obtenu le soutien d’un nombre suffisant d’élus du parti ultranationaliste, le MHP. Lequel confirme ainsi la coalition informelle qui le lie désormais au parti au pouvoir.
Fustigé par l’opposition pro-kurde et sociale-démocrate, le texte doit encore être validé par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, dans un délai de 15 jours. Sa signature ouvrira la voie à un référendum que le chef de l’Etat souhaite organiser dès que possible, fin mars ou en avril.