Abdulkadir Masharipov, le terroriste présumé ouzbek qui a frappé la Turquie

Quinze jours de cavale qui ont pris fin la nuit dernière en Turquie. L'auteur présumé de la fusillade du Nouvel An dans une discothèque d'Istanbul a été arrêté dans un appartement de la ville, où il se trouvait avec son fils de 4 ans. Originaire d'Ouzbékistan, il a avoué être l'auteur de ce carnage qui avait fait 39 morts. L'attaque avait été revendiquée par le groupe Etat islamique.

Avec notre correspondant à Istanbul,  Alexandre Billette

Le profil du suspect Abdulkadir Masharipov, 33 ans, tel que dévoilé par les autorités, est celui d’un professionnel, puisque le tueur présumé de la discothèque Reina d'Istanbul avait été formé dans un camp en Afghanistan.

Selon les déclarations des autorités turques, l'individu avait notamment appris le maniement des armes à feu, il était peut-être aussi rompu au combat urbain. Un spécialiste du tir, polyglotte.

« C’était un terroriste très bien entraîné », selon le gouverneur d’Istanbul. Il a de toute évidence été formé par un groupe qui a prêté allégeance à l’organisation Etat islamique (EI).

Dans l’appartement où il a été arrêté la nuit dernière, on a également retrouvé une arme de poing, mais aussi deux drones, ainsi que près de 200 000 dollars en espèces.

Quatre personnes étaient aussi présentes sur les lieux. Elles ont été arrêtées. Il s'agit d'un Irakien et de trois femmes : une Somalienne, une Sénégalaise et une Egyptienne, selon la presse turque.

L’hypothèse d’une cellule dirigée par des ressortissants d’Asie centrale

Un réseau international était donc derrière cette attaque du 1er janvier. Les autorités turques favorisent toujours l’hypothèse d’une cellule dirigée par des ressortissants d’Asie centrale. L'organisation Etat islamique n'est pas directement implantée en Asie Centrale, mais elle peut s'appuyer sur de nombreux autres groupes terroristes locaux dans les différents pays de la région, des groupes qui sont parfois rivaux entre eux ou avec l'EI, ou qui peuvent au contraire fournir à l'organisation Etat islamique, soutien logistique et renseignement. Ces cellules dormantes, en Ouzbékistan et au Tadjikistan notamment, recrutent ceux qui combattront avec l'EI en Syrie. La connexion entre ces mouvements et l'organisation EI se fait par la Turquie, pays par lequel ont commencé à transiter les jeunes recrues, à partir de 2010, 2011. Entre ceux qui ont rejoint la Syrie et ceux qui se sont arrêtés en Turquie, ils seraient environ 5 000 selon des spécialistes. L'EI profite aussi en Asie Centrale de la présence aux portes des pays de la région des talibans pakistanais, poursuivis dans leur pays et réfugiés en Afghanistan. Le djihad international que visent ces derniers représente un facteur de déstabilisation supplémentaire pour la région.

L'attaque du Reina a été très bien préparée et a été menée avec le soutien de nombreux complices. Au moins 50 personnes déjà, qui étaient en lien avec le tireur de la discothèque, ont été placées en garde à vue.

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