Après l'annonce musclée lancée par Washington - notamment l'expulsion de 35 agents des services de renseignement russes avec leurs familles, la fermeture de deux sites utilisés par Moscou sur le sol américain, ou encore d'autres mesures qui ne seront pas rendues publiques -, on pouvait imaginer que des contre-mesures allaient être prises par Moscou. Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov l'avait d'ailleurs rappelé : « La réciprocité est la règle de la diplomatie dans les relations internationales. »
Sauf que Vladimir Poutine n'expulsera « personne » et ne prendra pas de mesure particulière. Le président russe, qui sait que le temps joue en sa faveur avec l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, assure « ne pas vouloir tomber au niveau d'une diplomatie irresponsable ». La Russie se réserve « le droit de prendre des mesures », mais dans l'immédiat, l'impératif demeure inchangé pour Moscou : « Restaurer les relations russo-américaines au vu de ce que sera la politique du président américain élu ».
Les Russes satisfaits de pouvoir se présenter sous leur meilleur jour
Au lendemain de ce pied de nez, l'opinion russe, semble-t-il, est majoritairement d'accord avec le patron du Kremlin, selon notre correspondant à Moscou, Etienne Bouche. Pourtant, en Russie, la critique des Etats-Unis est presque une discipline olympique, et c’est pourquoi l’application du principe de réciprocité défendu par le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov semblait naturel. Une série de mesures étaient prêtes. Mais en cette période de fin d’année, la décision apaisante de Vladimir Poutine fait manifestement consensus.
Le président russe apparaît finalement comme le plus sage, celui qui refuse d’entrer dans le jeu américain, alors qu'à la télévision, la diplomatie états-unienne est généralement présentée comme belliqueuse. En Russie, on s’intéresse désormais aux conditions de retour des citoyens expulsés du sol américain. Selon la porte-parole de la diplomatie Maria Zakharova, 96 personnes vont revenir au pays. Moscou a annoncé l'envoi d'un avion spécial parti chercher ces diplomates et leurs familles. Mme Zakharova s’inquiète notamment pour la scolarité des enfants, bousculés pendant leurs vacances de Noël...