Présidentielle en Autriche: un second tour toujours très indécis

Le second tour de la présidentielle du 22 mai dernier en Autriche avait été invalidé pour irrégularités de procédure. A la veille du nouveau deuxième tour, qui verra s'affronter dimanche 4 décembre le candidat d'extrême droite Norbert Hofer et l'écologiste Alexander Van der Bellen, l'élection semble très indécise. Les candidats, au coude à coude dans les sondages, ont passé les deux derniers jours de la campagne à se lancer des accusations parfois injurieuses.

Avec notre envoyé spécial à Vienne,  Piotr Moszynski

Malgré une fin de campagne tendue, l'ancien ministre autrichien des Affaires étrangères Peter Jankowitsch juge celle-ci globalement terne et trop longue, ce qui rend même les pronostics de participation difficiles. « Les gens ont perdu leur intérêt alors maintenant on va voir de quelle façon ça va influencer le taux de participation qui était de 72% au lors du premier second tour, ce qui est beaucoup en Autriche. Mais dimanche, on ne sait pas très bien, probablement autour de 65%, mais c’est très difficile à dire », juge-t-il. 

Social-démocrate lui-même, Peter Jankowitsch reconnaît que son parti et celui des chrétiens-démocrates avaient tellement verrouillé le système d'alternance au pouvoir qu'ils ont favorisé l'apparition de forts sentiments « anti-establishment ». « C’est une révolte contre ce qu’on croit être "l’establishment" en Autriche, estime-t-il. Dans le passé, la présidence de la République était occupée uniquement par deux grands partis, par des sociaux-démocrates ou parfois par des partis chrétiens-démocrates. Pour la première fois, lors du premier tour, les deux candidats présentés par les sociaux-démocrates et les chrétiens démocrates ont fini chacun avec 11%»

C'est pourquoi, dimanche, les Autrichiens devront faire un choix inédit entre un candidat d'extrême droite et un candidat, certes soutenu par les partis traditionnels, mais issu du mouvement des Verts.

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■ Les raisons du succès de l'extrême droite

Par Anton Pelinka, politologue autrichien :

« Depuis des générations, et au moins depuis les années 1950, les Autrichiens se sont habitués à voir chaque génération réussir mieux que la précédente. Or, ce n'est plus le cas. Certes, il n'y a ni récession ni crise économique significative, mais il y a une stagnation. Ainsi, nous souffrons d'un chômage assez important, du moins par rapport aux standards auxquels les Autrichiens se sont habitués depuis 40 à 60 ans. Par ailleurs, l'ouverture des frontières dans le cadre de l'intégration européenne a clairement démontré que le niveau de salaires payés aux travailleurs autrichiens était trop élevé pour être compétitif quand il s'agissait d'entrer en concurrence avec les travailleurs habitués à être payés moins. Je pense par exemple aux immigrants en provenance de la Turquie, aux réfugiés syriens, etc. »

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