Au terme de six jours de visite, l'émissaire de l'ONU tire un premier bilan « inquiet » des conditions de détention dans la Turquie de l'après tentative de putsch. Nils Melzer conclut à un usage « apparemment répandu » de la torture et d'autres mauvais traitements dans les jours et les semaines qui ont suivi le coup d'État manqué, notamment lors des arrestations et des gardes à vue.
Le rapporteur, qui a pu se rendre dans des centres de détention à Istanbul, Ankara, mais aussi dans le sud-est, à Diyarbakir et Sanliurfa, cite de « nombreux témoignages » de détenus, d'avocats et d'ONG. Il décrit les sites visités comme « bien équipés » mais « surpeuplés », avec des taux d'occupation allant de 125 à plus de 200 %. Principal point noir : les commissariats de police, où les suspects sont enfermés jusqu'à 30 jours en garde à vue sans accès à l'air frais, dans des conditions où, dit-il, « personne ne devrait être détenu pendant plus de 48 heures ».
L'émissaire onusien appelle le gouvernement à mener des enquêtes « rapides, rigoureuses et impartiales » sur ces allégations que les officiels turcs ont toujours fermement niées. Depuis la tentative de putsch, plus de 36 000 personnes ont été incarcérées en Turquie.