Avec notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer
Dix jours après la visite à Ankara du rapporteur spécial de l’ONU sur la liberté d’expression, pour une mission de plusieurs jours, inédite depuis 20 ans, la venue d’un rapporteur spécial sur la torture souligne l’inquiétude des Nations unies pour l’état des droits de l’homme dans la Turquie de l’après-tentative de putsch.
Des ONG locales et internationales ne cessent d’alerter l’opinion publique sur le traitement réservé aux dizaines de milliers de personnes arrêtées depuis la mi-juillet.
Au lendemain du coup d’Etat avorté, l’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International avait affirmé avoir réuni des « preuves crédibles » attestant de cas de torture, y compris de viols, dans des centres de détention. Elle réclamait l’accès d’observateurs indépendants.
Le gouvernement turc a toujours fermement nié ces allégations, réclamant à leurs auteurs des éléments concrets – lieu, date, nom des victimes et bourreaux présumés. Depuis le putsch manqué, les autorités ont limogé ou suspendu plus de 125 000 fonctionnaires employés dans l'armée, l'administration ou encore la justice. Quelque 36 000 suspects sont actuellement détenus dans l'attente de leur procès.