Avec notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette
Le gouvernement turc avait présenté ce projet de loi comme une réponse aux mariages précoces, qui sont encore fréquents dans certaines régions. Puisque les relations sexuelles avec des mineurs de moins de 16 ans sont interdites par la loi, des hommes seraient reconnus coupables d'agression sexuelle, même si le couple est... « consentant ».
C'était du moins l'argumentaire du Parti de la justice et du développement (AKP) ces derniers jours. La formation au pouvoir évoquait notamment l'isolement des jeunes femmes et de leurs enfants lorsque le mari est en prison. Mais devant le tollé, le gouvernement a reculé. Au sein même de la formation majoritaire, des voix s'étaient élevées contre le projet.
Maintenant, le gouvernement va revoir sa copie et revenir avec un autre projet de loi. Mais ce que le débat des derniers jours a révélé, c'est que le gouvernement turc reconnait non seulement la réalité des mariages précoces, mais semble même y donner son aval, alors que ces mariages sont souvent des mariages forcés, imposés à des enfants par leur famille.
Umit Metin, coordinateur de l’Assemblée citoyennes des originaires de Turquie (Acort), attribue cette victoire aux femmes turques qui ont manifestés dans de nombreuses villes ce week-end :
« Des milliers de femmes dans toute la Turquie ont osé prendre le risque de descendre dans la rue. Elles ont été réprimées d’une façon très sanglante par la police dans toutes les villes de la Turquie et donc des milliers de femmes ont réussi à faire reculer le gouvernement sur ce texte-là.
On ne peut que se féliciter et dire qu’on a eu une lueur d’espoir par rapport à tout ce qui se passe en Turquie, que cet espoir est porté par les femmes. On sait très bien que depuis la tentative de coup d’Etat la torture est revenue systématiquement dans les commissariats. On a une garde à vue prolongée jusqu’à 32 jours. Donc chapeau, espoir pour le peuple turc grâce à ces femmes ».