Turquie: polémique autour d’une proposition de loi sur les agressions sexuelles

En Turquie, le projet de loi n'a pas encore été adopté, mais déjà il suscite un tollé. Le Parlement a validé en première lecture une proposition qui suspendrait la condamnation d'un coupable d'agression sexuelle sur mineur s'il mariait sa victime. Le parti AKP au pouvoir défend maladroitement la mesure qui concernerait 3 000 personnes. L'opposition crie au scandale et l'affaire a maintenant embrasé la société turque dans les rues et sur les réseaux sociaux.

Avec notre correspondant à Istanbul,  Alexandre Billette

« Le viol ne peut pas être justifié. » C'est le slogan sur Twitter, sur Facebook, dans les rues. C'est la réponse à ce projet de loi présenté jeudi soir par le gouvernement. Une mesure qui concernerait les agressions sexuelles commises avant le 11 novembre. 

Le gouvernement a justifié ce projet en évoquant les mariages soi-disant consentis entre personnes majeures et mineures, encore fréquents notamment dans les régions rurales, mais hors-la-loi. Mais il n'a pas convaincu, bien au contraire, surtout lorsque le ministre de la Justice a évoqué « des agressions sexuelles sans contrainte ».

Tous les partis d'opposition ont dénoncé la mesure, y compris les ultranationalistes, en général plutôt souples avec le pouvoir, et des appels à manifester ont été lancés dans les grandes villes, en rappelant que le nombre d'agressions sexuelles a littéralement explosé depuis dix ans.

Le gouvernement, lui, persiste et signe et estime « lever une injustice » et « protéger » les enfants issus des mariages précoces.

→ (Re) lire : Mariages précoces, enfances volées

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