Avec notre envoyée spéciale à Strasbourg, Joana Hostein
Les prisons turques ne cessent de se remplir de militants des droits de l'homme, de journalistes, et de parlementaires pro-kurdes. Pour les eurodéputés, Ankara a franchi la ligne rouge ces dernières semaines. Le Parlement européen propose donc de geler les négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE. « On est en train de négocier sur l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne au moment où ils ont développé des politiques opposées aux critères d’adhésion de l’Union européenne », explique Guy Verhofstadt, président du groupe parlementaire Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe.
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Si pour certains, ce gel doit être temporaire pour ne pas tourner le dos au peuple turc, d'autres estiment qu’il faut aller encore plus loin et bloquer une partie des échanges commerciaux avec la Turquie. « L’argent est le nerf de la guerre et nous pensons que c’est justement parce que c’est l’argument majeur qu’il peut être utilisé pour ramener monsieur Erdogan à la raison. On ne peut plus se contenter de mots, ce qui se passe en Turquie est trop grave », estime Christine Vergiat, eurodéputée française Front de gauche, membre du groupe de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique.
Même si cette proposition n'a aucune valeur légale – ce sont les Etats membres qui peuvent suspendre le processus – certains redoutent déjà que le président Erdogan décide de ne plus appliquer l'accord sur les migrants et de rouvrir les vannes des réfugiés vers la Grèce. Les eurodéputés se prononceront sur la suspension des pourparlers avec Ankara lors d’un vote en séance plénière jeudi 24 novembre à Strasbourg.