Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne
Pour Andreï Kortunov, la victoire de Donald Trump correspond à la vision du monde de la Russie. Un monde éclaté, dangereux, loin du globalisme et des idées libérales, un monde du protectionnisme et du nationalisme.
Cette vision commune pourrait faciliter le dialogue entre Moscou et Washington, d'autant que l'histoire récente montre que Moscou a toujours eu plus de facilité à travailler avec les républicains qu'avec les démocrates.
En revanche, la personnalité des deux hommes, Donald Trump et Vladimir Poutine, peuvent constituer une difficulté. « Quand on a à faire à deux leaders très forts, très sûrs d'eux-mêmes, très virils, une confrontation peut être très dangereuse, en particulier quand l'un d'eux n'a pas beaucoup d'expérience en politique étrangère », souligne Andreï Kortunov, le directeur général du Conseil russe pour les affaires internationales.
Et le vide actuel autour de Trump pourrait être comblé par des forces d'extrême droite, que Moscou ne connait pas.
Enfin, Trump prône la grandeur, mais renonce au leadership américain, et cela n'est pas forcément une bonne chose pour la Russie. « Quoi qu’on dise sur les Etats-Unis, le leadership américain, d'une certaine façon, profite à tous les Etats du monde, y compris la Russie. Prenons par exemple la présence des Etats-Unis en Afghanistan, pour la Russie c'est un plus ; la volonté de libéraliser les finances mondiales, pour toutes les économies émergentes, c'est important », explique Andreï Kortunov.
Si Trump adopte une position de repli nationaliste, cela risque d'affecter l'économie mondiale et la stabilité internationale, et donc en fin de compte, les intérêts de la Russie.
→ (Re) lire : Moscou salue l'élection de Trump et espère un «dialogue constructif»