Avec notre envoyée spéciale à Santa Maddalena di Muccia, Anne Tréca
La terre continue de trembler sur des dizaines de villes et de villages fantômes de cette partie du pays. On n’y entre qu’escorté par des pompiers, équipé d’un casque, en se tenant loin des bâtiments. Les maisons sont parfois détruites, le plus souvent gravement lézardées et prêtes à s’effondrer.
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On voit encore du linge qui sèche sur un fil, des jouets d’enfant dans les jardins. Les fenêtres sont encore ouvertes, les habitants se sont sauvés en pleine nuit. Les magasins et les usines sont fermés. L’armée garde les zones évacuées. Dans les plus petits villages, ce sont des habitants de la commune qui montent la garde contre les voleurs.
Personne ne sait quand l’alerte sera levée. Tout ce que l’Italie compte d’associations et de secouristes est présent, sert des repas, procure des soins médicaux et psychologiques. Les communes se sont inventé des bureaux de fortune, sous une tente, un dépôt d’autobus.
Encore dans l'urgence
Mais la plupart des sinistrés sont partis. Ils sont relogés dans des hôtels de la côte Adriatique, à 80 km d’ici. Ceux qui le pouvaient sont allés chez des amis ailleurs, d’autres ont loué un camping-car. Il y a aussi ceux qui veulent dormir dans leur voiture pour ne pas s’éloigner de chez eux ou de leur entreprise. On est encore dans l’urgence.
A Visso, l’un des deux villages les plus touchés par la secousse du 30 octobre, 80 % des maisons sont entièrement démolis. Un service d’autobus amène tous les matins ceux qui le souhaitent au village et les ramène le soir à l’hôtel. Les premiers à faire ce voyage à travers la montagne sont les paysans. Il faut continuer à s’occuper des bêtes, leur donner à manger. Les enfants du village vont bientôt reprendre l’école, mais ce sera là-bas, sur la côte, dans les logements de dépannage. Un casse-tête pour les familles.
A 10 km de Visso, le seul bar ouvert de la région offre un semblant de normalité. Il propose du café, des journaux, des sandwichs. On peut même y jouer au loto. Il est situé sous une tente, dans un froid glacial. Les clients sont des policiers, des pompiers, des secouristes. A cinq mètres, le bar original a été complètement détruit par le tremblement de terre.
Le gouvernement a bien promis des conteneurs pour reloger les familles, mais on ne sait pas quand. Les gens d'ici sont de toute façon très déterminés. Ils disent tous la même chose : nous resterons et nous reconstruirons tout.