Pologne: «Le conflit risque de s’intensifier»

La Pologne vit en ce moment plusieurs manifestations contre son gouvernement conservateur. En visite à Paris, Mateusz Kijowski, l’une des principales figures de l’opposition polonaise, président du Comité pour la défense de la démocratie, le KOD, analyse la situation très tendue au pays.

Après une récente mobilisation massive des femmes polonaises contre une éventuelle interdiction quasi complète de l'avortement, après les protestations des acteurs et écrivains, les 8 et 9 octobre, contre la mainmise de l’Etat sur la culture, plusieurs milliers d'enseignants ont manifesté lundi 10 à travers la Pologne pour protester contre une réforme du système d'enseignement menée par le gouvernement conservateur et qui selon eux pourrait supprimer plusieurs milliers d'emplois.

« Il serait prématuré de parler d’une guerre civile, analyse Mateusz Kijowski, président du Comité pour la défense de la démocratie (KOD) et l’une des principales figures de l’opposition polonaise, en visite à Paris. J’espère qu’il s’agit là d’une perspective totalement irréalisable. Je souhaite qu’elle ne devienne jamais réalité. Cela dit, les forces en présence semblent coincées. La situation est devenue vraiment bipolaire. Prenons la question de l’éventuelle interdiction de l’avortement. Le sujet avait déjà été débattu en Pologne à maintes reprises. Pourtant, ce n’est que maintenant qu’il a mobilisé des masses de protestataires. »

Et d'ajouter : « Dans une certaine mesure, ils suivent l’exemple du KOD, qui fait descendre des milliers de gens dans la rue depuis dix mois. Le KOD a montré que cela valait la peine de manifester, que cela servait à quelque chose, et que cela permettait d’exprimer ses attentes et ses revendications. Je suis persuadé que les gens qui protestent contre l’interdiction de l’IVG ne céderont jamais. Il s’agit plutôt d’un début de l’unification des forces qui réclament le respect des droits de l’homme. De l’autre côté, le gouvernement s’obstine aussi et ne cherche pas de compromis. Ainsi, le conflit risque de s’intensifier. »

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