Avec notre correspondante à Budapest, Florence La Bruyère
C'est une suspension brutale. Ce week-end, les journalistes ont été empêchés d'entrer dans les bureaux du Népszabadság pour préparer l'édition du lundi 10 octobre. Leurs téléphones portables ont été coupés et l'accès au site internet leur a été fermé.
Les journalistes parlent d'un putsch. Le quotidien avait un ton critique et publiait régulièrement des enquêtes sur la corruption du gouvernement de Viktor Orban. Un article cinglant devait paraître lundi sur le train de vie fastueux d'Antal Rogan, ministre de la Communication.
Mais ce n'est sans doute pas le seul motif de l'arrêt de la parution. Il y a quelques mois, une entreprise hongroise avait posé une option pour acheter le Népszabadság à son propriétaire autrichien.
Cette entreprise hongroise appartiendrait à Lörinc Mészaros, un plombier et ancien camarade de classe de Viktor Orban devenu l'un des plus riches oligarques du pays grâce aux largesses du Premier ministre. Selon plusieurs médias, l'oligarque aurait définitivement acheté le Népszabadság. D'où, potentiellement, cette prise de contrôle brutale « à la Russe ».
Ce n'est pas la première fois qu'un média indépendant passe sous le contrôle du gouvernement Orban. Non content de posséder un empire médiatique, le pouvoir hongrois cherche aussi à absorber les quelques journaux critiques qui existent encore.
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