Les usines turques de textiles soupçonnées d'employer des enfants syriens

Le textile turc est à nouveau sur la sellette en Europe. Après avoir été accusées d'utiliser du coton syrien au bénéfice du groupe Etat islamique, des usines turques sont désormais soupçonnées d'employer des enfants réfugiés syriens. Les suites du coup d'Etat manqué de cet été font également craindre aux importateurs européens une désorganisation de l'activité textile en Turquie.

Dans les salons textiles parisiens de la rentrée, c'est plus qu'un bruit d'étoffe : des enfants syriens travailleraient dans les usines textiles turques. « Vous avez toute cette population très fragilisée d'enfants syriens, notamment à la frontière turco-syrienne, qui sont employés dans des ateliers de confection turcs. On ne peut pas avoir de chiffre bien sûr, mais ce n'est pas un phénomène marginal et il y a de plus en plus d'enseignes qui se posent des questions », explique Anne-Laure Linget, consultante en approvisionnements textiles.

Inquiétude éthique, mais aussi économique. La purge dans les milieux d'affaires turcs, suite au coup d'Etat manqué du 15 juillet, va-t-elle perturber la marche des usines ? De passage à Paris, le président des exportateurs turcs de textiles veut rassurer ses clients : « Après le 15 juillet, nos clients ont eu peur, explique İsmail Gülle, mais le 16, sans problème, avec nos téléphones portables, Facetime, nous avons montré que tout était sous contrôle et qu'il n'y avait pas de ralentissement au niveau de la production. »

Le travail des enfants syriens en Turquie ? Une manipulation de l'information selon lui. Mais il reconnaît néanmoins des cas isolés : « Il y a des photos qui sont prises en Turquie d'enfants syriens qui travaillent. Or, parfois, on se rend compte que ces photos ne sont même pas prises sur le sol turc. Cependant, effectivement, des cas isolés sont possibles. » Les enseignes européennes n'envisagent pas pour autant d'abandonner l'origine turque - un quart de leurs approvisionnements textiles -, mais d'accompagner plus strictement leurs fournisseurs.

Partager :