Incendies du mois d'août: le Portugal a bien du mal à faire face

Au Portugal, la menace des incendies reste d’actualité et les premiers bilans sont assez effrayants : 95 000 hectares sont partis en fumée entre le 1er et le 15 août, selon l’Office national des forêts. Soit quasiment l'équivalent de ce qui a brûlé depuis janvier de cette année.

avec notre correspondante à Lisonne, Marie-Line Darcy

La journée du 8 août 2016 restera dans les mémoires comme celle du pire scénario, avec 75 000 ha disparus en 24 heures, et le cauchemar à Funchal, la capitale de l’ile portugaise de Madère, cernée par les flammes. Un bilan très lourd, effrayant du fait de la concentration du phénomène.

Le dispositif de combat prévoyait 250 incendies ou départs d’incendies par jour, ce qui est déjà beaucoup, mais certainement pas 500 comme cela s’est produit. Certains jours, 4 500 voire 5 000 pompiers ont été mobilisés. Une situation comme celle du 11 août à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône, à l'échelle de l’ensemble du territoire portugais.

La « tradition » du mois d’août

Pourquoi les feux font-ils autant de dégâts à cette période ? Le Portugal est un petit pays de 10 millions et demi d’habitants, qui double ce chiffre tous les ans, pendant l'été. Touristes et surtout Portugais immigrés viennent prendre un repos bien mérité dans les villages de l’arrière-pays. Les pétards et feux d’artifices en leur honneur, les barbecues, les nettoyages de broussailles, les mégots mal éteints, sont tout autant de négligences à l’origine de plus de la moitié des départs de feux.

Les autres feux sont dus à des actes de malveillance. Quelque 50 incendiaires ont été interpellés au Portugal : maladies mentales, alcoolisme et désœuvrement expliquent leur geste. Par ailleurs, la géographie accidentée du pays, les températures très élevées, de l’ordre de 40 degrés, les forêts peu ou mal entretenues, des monocultures d’arbres, et un aménagement du territoire aux abonnés absents font le reste.

Le Portugal pas assez soutenu ?

Il serait faux de croire que le Portugal ne fait rien. Le pays a fait des choix stratégiques depuis 20 ans. Mais les incendies coûtent cher. Il faut se rendre à l’évidence : les capacités de lutte seront toujours insuffisantes. Le seul mot à l’ordre du jour désormais, c'est la prévention.

Par ailleurs, le Portugal a critiqué l’Union européenne pour ne pas être intervenue de façon suffisamment massive contre les incendies du début août. A commencer par la ministre de l’Intérieur, qui voulait plus de solidarité lorsque le pays a actionné le protocole d’aide européenne.

La saison des incendies n'est pas finie

L’Union a effectivement envoyé peu de moyens en raison d'abord des incendies nombreux dans d’autres pays. C'est le cas de la France, un pays d’habitude très réactif pour aider. L’opinion publique portugaise s’est engouffrée dans la brèche, mais il n’existe pas de structure européenne de lutte contre les incendies.

Un tel dispositif serait utile pour un petit pays comme le Portugal, en proie aux difficultés économiques, et pour lequel l’achat de canadairs ou d’hélicoptères serait ruineux. L’actuel gouvernement promet de mettre en place une véritable stratégie de prévention. En attendant, après l’accalmie des derniers jours, avec les thermomètres qui repartent à la hausse, on observe une reprise des feux.

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