En Turquie, le rédacteur en chef de l'un des principaux journaux d'opposition, Cumhuriyet, a annoncé sa démission. Alors que plus d'une centaine de médias critiques du pouvoir ont été fermés dans le cadre de l'état d'urgence instauré à la suite du putsch raté contre le président Erdogan le 15 juillet, Can Dündar déclare ne plus faire confiance à la justice turque. Il devait être entendu en appel suite à sa condamnation pour « divulgation de secrets d'Etat ».
En moins de deux ans, Can Dündar avait transformé Cumhuryet en fervent journal d'opposition. A peine arrivé à la tête du quotidien, il avait diffusé un article et une vidéo faisant état de livraisons d'armes par les services secrets turcs à des rebelles islamistes en Syrie. « Ils le payeront cher », avait alors menacé, furieux, le président Recep Tayyip Erdogan, à la télévision, qualifiant les journalistes de « traîtres ».
« Mettre sa tête sous la guillotine »
Condamné dans cette affaire à plus de cinq ans de prison au mois de mai, Can Dündar avait été autorisé à rester en liberté en attendant la décision de la cour d'appel. Le rédacteur en chef démissionnaire estime désormais que l'état d'urgence l'empêche d'avoir droit à un procès équitable.
« Tous les signes d'une période de non-droit sont réunis, a-t-il déclaré. L'état d'urgence est utilisé par le gouvernement pour contrôler la justice de manière arbitraire ». Et de conclure : « Faire confiance à un tel pouvoir revient à mettre sa tête sous la guillotine ».
Can Dündar se trouverait désormais en Allemagne, selon l'AFP. Il affirme qu'il ne se rendra pas à son procès et continuera d'écrire des tribunes dans son ancien journal en tant que chroniqueur.