Déchéance de nationalité pour les terroristes: le débat s'invite en Allemagne

Alors que la proposition a suscité la controverse en France avant d'être finalement abandonnée, le ministre de l'Intérieur allemand Thomas de Maizière estime que les terroristes allemands binationaux devraient être déchus de leur nationalité.

Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut

Ce 11 août, le ministre de l'Intérieur allemand a ouvert la porte à la déchéance de nationalité pour les terroristes binationaux, un débat qui avait agité la France pendant quatre mois avant que son inscription dans la Constitution ne soit finalement abandonnée faute d'accord entre le Sénat et l'Assemblée nationale.

« Les Allemands qui participent aux combats à l’étranger pour une milice terroriste et qui possèdent une autre nationalité doivent à l’avenir perdre leur nationalité allemande », a déclaré Thomas de Maizière lors d'une conférence de presse. Un responsable du parti des Verts, Volker Beck a d'ores et déjà qualifié cette proposition de « gesticulation ».

Cette mesure déjà applicable, d'après lui, pour les binationaux combattant dans des armées régulières étrangères doit être étendue aux jihadistes. Plus de 800 personnes ont déjà quitté l’Allemagne pour l’Irak et la Syrie d’après un décompte publié en mai. Près d'un tiers d'entre eux est déjà rentré en Allemagne et environ 140 autres ont été tués. Quelque 420 seraient ainsi encore en territoire syrien ou irakien.

Pas d'interdiction de la burqa

Le ministre de l’Intérieur allemand a aussi présenté une série de mesures pour renforcer la sécurité après deux attaques terroristes le mois dernier revendiquées par l’organisation Etat islamique. Côté répression, l’arrestation de personnes suspectées de préparer des attentats doit être rendue possible et les procédures d’expulsions d’étrangers accélérées.

Thomas de Maizière souhaite également renforcer les effectifs de la police fédérale de plusieurs milliers de personnes, investir dans les technologies de reconnaissance faciale et lutter plus efficacement contre la cybercriminalité.

Le ministre a en revanche pris ses distances avec des propositions visant à interdire complètement la double nationalité ou à interdire la burqa. Sur une autre mesure qui suscite des débats, à savoir l’assouplissement du secret médical pour les personnes en traitement présentant un danger pour la sécurité publique, il a précisé qu’une décision ne sera prise qu’en accord avec l’ordre des médecins.

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