Les soupçons formulés dès la nuit dernière par les autorités bavaroises se sont confirmés. Le groupe EI a affirmé ce lundi 25 juillet via son organe de propagande Amaq que l’auteur de l’attentat à Ansbach était l’un de ses « soldats ». Il « répondait aux appels à prendre pour cibles les Etats de la coalition qui combat l’Etat islamique », ajoute l’organisation jihadiste dans sa revendication formulée en plusieurs langues.
Un peu plus tôt, le ministre bavarois de l’Intérieur a indiqué que, d’après la première traduction d’une vidéo retrouvée sur son téléphone portable, l'auteur de l'attentat avait prêté allégeance au groupe terroriste. « Il a explicitement annoncé (agir) au nom d’Allah, a fait allégeance (au chef du groupe EI) Abou Bakr al-Baghdadi (…) et annoncé explicitement une vengeance contre les Allemands qui se mettent en travers de la voie de l’islam », a déclaré Joachim Hermann. L’auteur de l’attentat avait également évoqué « une vengeance pour la mort de musulmans ». La vidéo doit maintenant être analysée de manière approfondie.
Un engin explosif rempli de pièces métalliques
Il était environ 22h dimanche 24 juillet lorsque ce réfugié syrien de 27 ans s’est fait exploser à proximité d’un restaurant de cette petite ville de Bavière, après s’être vu refuser l’entrée à un festival de musique pop en plein air auquel assistaient plus de 2 500 personnes. L’explosion a blessé quinze personnes, dont quatre grièvement, mais leurs jours ne sont pas en danger. Le vice-président de la police de Nuremberg, Roman Fertinger, a indiqué que l’engin explosif utilisé avait été rempli de pièces métalliques et que l’auteur de l’attentat aurait fait beaucoup plus de victimes s’il était parvenu à entrer dans l’enceinte du festival.
La police a découvert, en perquisitionnant le foyer où il résidait, des vidéos islamistes contenant des scènes de violence, ainsi que divers matériaux et équipements « qui auraient pu permettre de construire d’autres bombes », a ajouté le ministre bavarois de l’Intérieur Joachim Hermann.
Originaire d’Alep, le jeune homme était en Allemagne depuis deux ans. Il avait tenté à deux reprises de se suicider et séjourné dans une clinique psychiatrique. Il avait effectué une demande d’asile qui avait été rejetée il y a un an par l’Allemagne, car il bénéficiait d’un statut de réfugié en Bulgarie, a précisé le ministre allemand de l’Intérieur Thomas de Maizière. « Un lien avec le terrorisme international est aussi peu à exclure qu’une instabilité psychologique, ou une combinaison des deux », a-t-il estimé.
Cette attaque, si les informations se confirment, constituerait le premier attentat-suicide islamiste en Allemagne. Il y a une semaine, la brutale agression d'un jeune Afghan armé d'une arme blanche dans un train a été revendiquée également par l'organisation Etat islamique. Là aussi une première.
(Avec AFP)
■ Comment qualifier ces crimes ?
Comme l'auteur de l'attaque au camion de Nice, celui-ci était très fragile psychologiquement. Pour le professeur Driss Aït Youssef, président de l'institut Léonard de Vinci à Paris et spécialiste des questions de sécurité, le profil de ces assassins nous oblige à nous poser des questions quant à la qualification de ces crimes :
« Qu’est-ce qu’on doit ou qu’est-ce qu’on peut attribuer à une organisation terroriste ? Est-ce que le fait de commettre un attentat ou d’assassiner quelqu’un avec un couteau ou une arme à feu parce qu’on est immigré, est-ce que c’est forcément un attentat terroriste, pour peu qu’il soit revendiqué par l’Etat islamique ? Est-ce que parce qu’on est immigré et instable psychologiquement, ça suffit pour dire que c’est un attentat terroriste attribué à l’Etat islamique ? Il faudrait, à un moment donné, ne pas céder à une espèce de surenchère et ne pas donner à l’Etat islamique la vitrine que cette organisation terroriste souhaiterait avoir. »