La circulation a repris à Munich, sauf devant le centre commercial Olympia encore meurtri par l'attaque de la veille. Le calme régnait samedi matin en ville, relate notre envoyé spécial sur place, Stéphane Lagarde. Quelques commerçants n’avaient pas encore rouvert leurs vitrines, et le métro était assez vide en ce jour de week-end.
Les autorités se sont exprimées dans la matinée. L'occasion de confirmer que le tueur s'est suicidé d'une balle dans la tête après son attaque. Ce Germano-Iranien de 18 ans était né et avait grandi dans la capitale bavaroise. Il y était encore scolarisé. Surtout, il était suivi sur le plan psychiatrique pour une sorte de dépression. Il a fait neuf victimes, dont trois Turcs, trois Kosovars et un Grec, mais aussi 27 blessés.
Pas de lien avec une organisation terroriste
Aucun lien matériel n'a été établi entre le groupe Etat islamique (EI) et le jeune homme, selon le chef de la police munichoise Hubertus Andrä. Aucun élément non plus ne vient signaler le moindre intérêt porté à l’attaque à la hache survenue lundi dans un train en Bavière avant de passer lui-même à l'action. « Il n'y a aucune information qui prouve la présence d'un autre assaillant en plus de cette personne retrouvée morte, suicidée », M. Andrä.
Les enquêteurs, qui ont perquisitionné le domicile du suspect à l'aube, ont en revanche trouvé dans sa chambre « de nombreux documents liés au thème des actes suicidaires violents ». « C'est un thème qui semblait fortement l'intéresser », selon M. Andrä. Le corps de l’assaillant a été retrouvé avec une arme de calibre 9 mm, alors qu'il ne possédait pas de port d’armes. La police enquête donc encore sur l’origine de ce pistolet. Mais il est « évident qu'il s'agit d'un acte individuel », estime M. Andrä, qui précise au passage : « Les faits n'ont absolument rien à voir avec la question des réfugiés. »
« Bain de sang » à la Une en Allemagne
Ce samedi, la presse allemande reflète le choc subi par la population locale dans la soirée et dans la nuit. Le journal bavarois Süddeutsche Zeitung fait sa Une avec une photo pleine page de policiers qui patrouillent dans la ville à la recherche du tireur. Munich a vécu vendredi soir au rythme d'une vraie chasse à l'homme, rappelle notre correspondante en Allemagne, Delphine Nerbollier.
Le journal à grand tirage Bild titre sur « un bain de sang ». De son côté, le journal berlinois Tagespiegel évoque la peur qui règne non seulement à Munich, mais aussi en Bavière et plus largement dans tout le pays. C'est en effet la deuxième attaque en moins d'une semaine après celle de lundi, lorsqu'un jeune Afghan avait attaqué à la hache des passagers dans un train régional.
Des réactions politiques allemandes mesurées
Les réactions de la classe politique restent mesurées aussi en Allemagne. Dans un communiqué, le président de la République, Joachim Gauck, s'est dit « horrifié par l'attaque meurtrière » de Munich, apportant sa solidarité aux victimes et à leurs proches. Le ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizière, a annoncé qu'il interrompait un déplacement en cours aux Etats-Unis.
Tous les responsables saluent le travail des forces de l'ordre, ainsi que la solidarité dont ont fait preuve les habitants de Munich qui ont ouvert leurs portes aux personnes bloquées sur place par les opérations de police. Angela Merkel n'a, en revanche, pas encore officiellement réagi. La chancelière a cependant convoqué une réunion de son conseil fédéral de sécurité ce samedi matin.
Des réactions des voisins français
A l'étranger, le président français François Hollande a adressé vendredi soir un « message personnel de soutien » à la chancelière allemande, au vu des événements de Munich. Plus tard, François Hollande a évoqué « un nouvel acte ignoble ».
Le Premier ministre français, Manuel Valls, a posté un tweet sur les réseaux sociaux dans lequel il exprime sa « vive émotion et solidarité totale avec le peuple allemand dans ce moment terrible ». Le président américain Barack Obama a promis aux autorités allemandes « tout le soutien dont elles ont besoin pour faire face à cette situation ».