Avec notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette
La presse turque comme toujours, est nettement divisée en deux camps. La presse pro-gouvernementale sans surprise se réjouit : c'est un « état d'urgence pour la démocratie », explique par exemple le quotidien Aksam. « Etat d'urgence pour les putschistes, sérénité pour le peuple », titre par ailleurs le journal Star.
En revanche, la presse libérale et aussi de nombreux analystes sur les réseaux sociaux s'inquiètent des conséquences de ces mesures d'exception. Par exemple, le constitutionnaliste Ibrahim Kaboglu à la Une du journal Birgün s'inquiète des dérives possibles de cet état d'exception. Le quotidien Cumhuriyet également, qui rapporte les propos du dirigeant du groupe parlementaire du parti d'opposition kémaliste, le CHP, pour lequel il s'agit d'un « coup d'Etat civil » puisque le Parlement n'a pas été consulté.
Dans la rue, l'annonce a été saluée mercredi 20 juillet au soir par les partisans du président turc qui s’étaient réunis notamment sur la place Taksim d’Istanbul. Nombreux parmi eux citent l'exemple de l’état d’urgence décrété en France pour lutter contre le terrorisme, un argument utilisé à plusieurs reprises hier soir par le président Erdogan.
Mais dans la population turque, certains s’inquiètent cependant d’un risque accru pour les droits de l’homme, soulignant que les pouvoirs de l’exécutif étaient déjà exceptionnels comme en témoignent les arrestations de masse de ces derniers jours et la purge sans précédent au sein de la fonction publique.
Enfin la réaction des marchés : la devise turque est en forte chute ce jeudi matin, face au dollar et à l'euro.