Après l'armée et la justice, c'est au tour des fonctionnaires d'être visés par les purges voulues par le président turc. 1 500 d'entre eux ont été suspendus. Ils sont soupçonnés d'être proches du prédicateur Fethullah Gülen, que Recep Tayyip Erdogan a désigné comme responsable de la tentative de coup d'Etat.
Les trois millions de fonctionnaires du pays ont vu leurs congés annuels annulés. Quant à ceux déjà partis, le pouvoir leur a ordonné de regagner au plus vite leur poste. Tous sont désormais interdits de sortie de territoire, sauf autorisation exceptionnelle. Un contrôle aux frontières a été mis en place.
Dans le même temps, la base militaire d'Incirlik, dans le sud du pays, a été perquisitionnée. Cette base aérienne est utilisée par la coalition antijihadiste menée par les Etats-Unis. Les autorités turques suspectent que l'endroit ait été utilisé comme base arrière pour ravitailler les avions des putschistes.
Graves incidents
De graves incidents se sont produits ce lundi en marge du grand coup de balai pratiqué au sein de l’administration et des appareils militaire et judiciaire. L'adjoint au maire d'un quartier central d'Istanbul, sur la rive européenne, a ainsi été grièvement blessé lundi après-midi par un assaillant qui a été arrêté. Lundi matin, des policiers ont été ciblés par un homme au palais de justice d’Ankara. Il s’agirait d’un militaire qui a ensuite été abattu par la police.
Le président Erdogan, sorti symboliquement grandi du coup d'Etat manqué, pourrait continuer dans la surenchère autoritaire. Il a même évoqué le rétablissement de la peine de mort pour ceux qu'il appelle désormais des « terroristes ». Devant cette escalade, les Etats européens, et notamment l'Allemagne, ont exprimé leurs inquiétudes, la peine de mort étant incompatible avec le processus d'adhésion à l'Union européenne entamé par la Turquie.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré lundi dans un entretien à la chaîne de télévision CNN que le peuple turc souhaitait la peine de mort - abolie dans le pays depuis 2004 - pour les responsables de la tentative ratée de coup d'Etat militaire de vendredi.