Vives inquiétudes de l’UE face à la répression en Turquie

Les ministres européens des Affaires étrangères ainsi que John Kerry se sont réunis lundi 18 juillet à Bruxelles. Ils ont exprimé leurs craintes face à la réouverture du débat sur la peine capitale en Turquie par le président Recep Tayyip Erdogan ainsi qu’aux nombreuses arrestations au sein de l'armée et de la justice suite à la tentative de putsch.

« Nous disons aujourd'hui que l'Etat de droit doit être protégé pour le bien de la Turquie », a déclaré Federica Mogherini à la presse. « Il n'y a aucune excuse pour que la Turquie prenne des mesures pour s'éloigner de l'Etat de droit », a insisté la chef de la diplomatie européenne.

Le commissaire européen à l'Elargissement Johannes Hahn, qui a en charge la candidature de la Turquie à l'Union, a par ailleurs suggéré que le gouvernement turc avait préparé, avant même la tentative de coup d'Etat, une liste de personnes à arrêter.

Le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders s'est inquiété du possible rétablissement de la peine capitale en Turquie, évoqué dimanche par le président turc Recep Tayyip Erdogan. En Turquie, la peine capitale a été abolie il y a dix ans. « D’abord, aucun pays ne peut devenir membre de l’UE s’il introduit la peine de mort, c’est très net dans ce que nous appelons l’acquis juridique européen », précise Federica Mogherini. Et d’ajouter : « L’autre point que je voudrais souligner, c’est que la Turquie est par ailleurs membre du Conseil de l’Europe et un membre important du Conseil de l’Europe et elle est donc liée par la convention européenne des droits de l’homme qui est on ne peut plus clair sur la peine de mort. »

Vers « un système politique qui se détourne de la démocratie » ?

Même inquiétude à Paris et à Berlin. « Nous devons être vigilants pour que les autorités turques ne mettent pas en place un système politique qui se détourne de la démocratie », a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault.

En Allemagne le président de la commission parlementaire des Affaires étrangères au Bundestag, Norbert Röttgen a estimé dans une interview que le président Erdogan « va utiliser le putsch pour étendre et renforcer son pouvoir au sein de l'Etat ».

Présent également lors de la réunion de crise des ministres des Affaires étrangères européens, John Kerry, le chef de la diplomatie américaine, a appelé « fermement le gouvernement de Turquie à maintenir le calme et la stabilité dans le pays » et à « respecter les institutions démocratiques de la nation et l'Etat de droit ». « Nous soutenons de toutes nos forces le gouvernement élu en Turquie, comme le président Obama et moi-même l'avons déjà dit au début des évènements vendredi soir dernier », a-t-il ajouté. 

Chronologie : La Turquie, un pays accoutumé aux coups d’Etat

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