Royaume-Uni: la chaise vide de Nigel Farage au Parlement européen

Nigel Farage a annoncé lundi 4 juillet qu'il quittait ses fonctions de président du UKIP. Une annonce qui a fait grand bruit au Parlement européen à Strasbourg, dont la session plénière a commencé lundi, alors que Nigel Farage continue toujours, pour le moment, de présider l'un des huit groupes parlementaires.

Avec notre envoyée spéciale à Strasbourg,  Joana Hostein

Nigel Farage n’était pas présent pour l’ouverture de la session plénière à Strasbourg. Une absence remarquée, à commencer par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker : « je constate seulement que les héros rayonnants du Brexit d'hier sont les tristes héros d'aujourd'hui », en référence également à Boris Johnson.

Selon le coprésident du groupe des Verts, Philippe Lamberts, l’eurosceptique a dû mal à assumer les conséquences du Brexit et la campagne menée pour en arriver là :

« Les conséquences, c'est notamment devoir reconnaître qu'on a menti, quand on a parlé de ces 320 millions de livres [il s'agit en fait de 350 millions] par semaine qui iraient dans les caisses du système de santé britannique au lieu d'aller dans les caisses européennes. Quand on a voulu faire croire qu'on pouvait garder accès au grand marché et fermer les portes du Royaume-Uni à la libre circulation, ben non, en fait c'est impossible. Le fait de devoir assumer tout ça est gênant. »

Royaume-Uni : Nigel Farage, un Brexit et puis s'en va

C’est avec le sourire que les députés britanniques travaillistes accueillent l’annonce de cette démission. « C'est dommage qu'il ne l'ait pas fait il y a quelques années. D'un côté, on peut dire voilà, c'est son moment de triomphe, il annonce sa retraite ; mais le fait qu'il veuille rester le chef de file du groupe ici... Je pense qu'il y a une bataille interne à UKIP », ricane Richard Corbett, avant d'ajouter : « Chaque fois qu'il y a quelque chose qui me dit que je vais voir le visage de Farage, je suis content. »

Même son de cloche sur les bancs des députés de droite : « Le dernier des lâches abandonne le chaos dont il est responsable », a tweeté le chef de file du groupe Parti populaire européen (PPE), Manfred Weber.

Une attitude que déplore aussi le président du Parlement européen, Martin Schulz : « La réalité est que les gens ont voté, ils veulent sortir, le gouvernement dit "calmez-vous, tout d'abord il faut que nous jouions nos jeux de politique politicienne et on verra". Tout un continent doit attendre. Je ne peux rien faire. Il n'y a pas de loi européenne contre l'irresponsabilité politique, ça n'existe pas. »

Au-delà de ces cas Farage-Johnson, les eurodéputés n'ont pas caché non plus leur mécontentement sur d'autres sujets. A l'égard des chefs d'Etats et de gouvernements qui semblent ne pas avoir pris l'ampleur du tremblement de terre politique produit par le Brexit. Pour preuve, expliquent les parlementaires réunis à Strasbourg, les 27 ont repoussé, à la rentrée, les discussions sur la relance du projet européen.

Dans l'hémicycle, certains regrettent la paralysie des institutions européennes avant le référendum britannique. Elles auraient dû mieux réfléchir, en amont, à la procédure à suivre en cas de Brexit, souligne-t-on ici.

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