Le FPÖ, le parti de Norbert Hofer, situé à l’extrême droite, milite depuis des années pour une Europe différente. Après le vote en faveur du Brexit au Royaume-Uni, ce parti pourrait donc s’emparer de ce sujet comme thème de campagne.
Contrairement aux Anglais, la formation de Norbert Hofer ne réclame pas à tout prix un référendum sur l’appartenance de l’Autriche à l’Union européenne, mais elle exige, tout comme le Front national en France, des réformes profondes pour une Europe à la carte. Or, le contexte a changé depuis le précédent vote : le Brexit pourrait s'inviter dans la future campagne.
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« Les Autrichiens voient ce qui est en train d'arriver aux Britanniques à cause du Brexit, les problèmes économiques et politiques qui naissent à cause du Brexit, explique Nina Horaczek, journaliste autrichienne et auteure d'un livre sur l'extrême droite. Peut-être que cela changera leur attitude. Les Autrichiens pourront se dire qu'ils ne veulent pas d'une sortie de l'Autriche de l'Union européenne, de l'AUXIT comme nous l'appelons ici, ce qui est plus ou moins ce que propose le FPÖ. Tout cela dépendra de comment la situation évolue pour la Grande-Bretagne dans les semaines et mois à venir. Mais elle aura clairement une influence. L'immigration et la crise des réfugiés seront également des thèmes importants pour cette élection; et il faudra donc observer ce qui se passe sur ce front pendant l'été. Car beaucoup de réfugiés,environ 90 000, sont arrivés en Autriche lors de l'été et de l'automne précédent. Et nous nous attendons à un afflux similaire cette année. »
Un contexte qui pourrait jouer en faveur de l’autre candidat, Alexander Van der Bellen, qui avait remporté l'élection finalement invalidée.
Un perdant annoncé : l'Etat
Le nouveau second tour pourrait se tenir fin septembre ou début octobre, selon les politologues autrichiens. La campagne sera donc courte et les ressources des partis pèseront. Le FPÖ dispose de moyens très importants alors qu'en face, Alexander Van der Bellen, qui s'était présenté comme indépendant, dispose de moyens financiers bien plus limités.
L’appui des deux principaux partis autrichiens, les chrétiens-démocrates et les sociaux-démocrates, qui sont en grande coalition à Vienne, pourrait donc s’avérer crucial pour faire pencher la balance du côté d'Alexander Van der Bellen.
Quoi qu'il en soit, il y a déjà une partie tierce qui fait les frais de ce rebondissement institutionnel : l'Etat. L'intellectuel autrichien Doran Rabinovitch, historien, engagé contre l'extrême droite et l'antisémitisme, le déplore : « Le vrai perdant c'est l'Etat dans son ensemble, car, si le FPÖ avait dénoncé les failles dès le début et s'il avait permis d'améliorer le système pour la tenue d'élections justes, alors il n'y aurait pas eu de problème. Mais le souci c'est qu'en faisant appel de cette façon, l'Etat et le système se retrouvent soupçonnés, et la fonction présidentielle se trouve dégradée. Car ce qu'ils répandent sur les réseaux sociaux, et dans leurs circonscriptions, c'est qu'il y a eu manipulation en quelque sorte. Mais ce n'est pas cela qu'ils ont soulevé devant la cour, personne ne dit cela, mais ils jouent avec ça. Ils instrumentalisent la décision de la cour. Ils disent que notre système démocratique est défaillant, injuste et faux.
C'est une délégitimation de notre constitution, c'est à cela que nous assistons. »
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