Près de 200 morts, c'est le bilan des attaques terroristes commises en Turquie depuis un an. Istanbul a été touchée trois fois depuis janvier, la dernière début juin avec une attaque contre les forces de l'ordre, revendiquée par un groupe indépendantiste kurde.
Les attentats les plus meurtriers ont frappé Ankara, la capitale : 35 morts en mars, 28 en février. Rappelons aussi le double attentat-suicide qui avait fait plus de 100 morts et 500 blessés lors d'un rassemblement pro-kurde en octobre 2015, attribuée au groupe Etat islamique.
Des attaques ont également lieu dans le sud-est du pays, en région Kurde et près de la frontière syrienne. Mais l'attentat de lundi soir est clairement le signe d'une escalade.
Le mystère des assaillants
Difficile de dénouer l'imbroglio terroriste en Turquie. Lorsque les attentats sont commis par les séparatistes Kurdes, ils sont revendiqués le plus souvent ces derniers temps par un groupe dissident du PKK, les Faucons de la liberté du Kurdistan.
Dans les autres cas, ils sont attribués par les autorités à l'organisation Etat islamique ou à des groupuscules qui lui seraient liés. Mais si Daech menace régulièrement Ankara, l'organisation n'a jamais revendiqué d'attentats sur son sol, alors qu'elle le fait systématiquement dans les autres pays.
« C'est un petit peu une spécificité des actions de Daech en Turquie », explique Alain Rodier, directeur adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). « Daech n'a jamais revendiqué les actions qu'il menait sur le territoire turc, alors que la moindre petite opération qui a lieu à l'extérieur, il y a une revendication qui tombe dans les heures qui suivent », note-t-il.
Les signes d'une attaque jihadiste
Le chercheur décrypte le modus operandi de l'attaque de mardi : « C'est un mélange de commando, c'est-à-dire trois personnes, qui ont utilisé à la fois des fusils d'assaut et des charges qu'ils possédaient sur eux. Donc, c'est un procédé qui est typique, un petit peu, des mouvements salafistes jihadistes, et en particulier de Daech. »
« Ça fait tout à fait penser au mode opératoire des attentats de Bruxelles », ajoute M. Rodier, qui émet dès lors l'hypothèse suivante : « Ces individus ont peut-être reçu les mêmes entraînements et les mêmes consignes dans les mêmes bases arrière sitruées en Syrie et en Irak. »