Avec notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette
A l'aéroport Atatürk, les vols ont repris graduellement dès la matinée ce mercredi 29 juin. Quelques rares vols étaient encore annoncés annulés pour l'après-midi, mais à part cela, difficile de croire qu'à l’intérieur de cet aéroport, l'un des plus fréquentés d'Europe, un attentat meurtrier est survenu quelques heures plus tôt.
Bien sûr, les contrôles sont plus pointilleux à l’entrée de l’aéroport, là où justement deux des trois kamikazes ont déclenché leurs explosifs. L’attente est plus longue que d'habitude, quelques policiers patrouillent à l’extérieur. Mais il faut vraiment aller tout au bout du terminal international, pour trouver la zone fermée.
Une zone d'ailleurs assez restreinte finalement, où des inspecteurs de la police scientifique menaient encore l’enquête à la mi-journée ce mercredi. On pouvait voir des traces d’impacts et des éclats ayant perforé des murs à certains endroits, alors qu'à part cela, l’aéroport fonctionne comme à l’accoutumée.
Sur place, pas de forces de sécurité en nombre visible, en tout cas à l’intérieur du terminal, ce qui ne rassure d’ailleurs pas certains employés, par exemple. Mais encore une fois, en surface, c’est une journée assez calme, une journée que l’on pourrait presque croire normale, s’il n’y avait pas eu ce triple attentat-suicide particulièrement meurtrier.
■ Témoignage
Le calme apparent de l'aéroport international Atatürk, au lendemain de l'attaque, contraste avec la violence dont cet endroit a été le théâtre la veille. Fatos Karahasan, professeure de marketing, arrivait de Marseille un peu avant minuit, mardi 28 juin, quelques minutes après les attentats. Ci-dessous, elle décrit les scènes de chaos qu'elle a vues en parcourant l'aéroport :
« Quand nous sommes entrés dans le terminal, il y avait deux ou trois guichets pour les passeports qui étaient fermés, et plusieurs centaines de personnes attendaient. Et dehors, il y avait des gens qui couraient et criaient, et nous avons alors compris que l'attaque était toujours en cours. A notre surprise, ils ont ouvert les portes de contrôle des passeports et nous ont fait passer très rapidement et efficacement. Ils nous ont menés vers la sortie principale. J'ai alors pu réaliser l'ampleur de l'attaque.
Il y avait des débris de verre, tous les distributeurs à billets étaient détruits, des policiers avaient des taches de sang sur eux, les bagages étaient abandonnés sur les tapis. Personne ne pouvait les récupérer. Tout le monde a été évacué. Nous avons marché pendant un kilomètre pour atteindre la voiture d'un ami journaliste. Et en chemin, nous avons vu des gens qui pleuraient, des ambulances, des personnes qui étaient soignées pour des blessures légères. Il était clair que c'était une attaque massive. »
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