Brexit: les Vingt-Sept excluent l’idée d’un marché unique à la carte

Le Conseil européen post-Brexit s’est achevé ce mercredi 29 juin à Bruxelles. Après quelques jours de déclarations parfois opposées et de sidération, les Vingt-Sept se sont remis du choc et sont d’accord sur la ligne à tenir, celle de la fermeté.

Avec nos envoyées spéciales à Bruxelles, Anastasia Becchio et Anissa El Jabri

L’après-choc se dessine enfin. Les Vingt-Sept parlent presque d’une seule voix. Ils souhaitent que la sortie du Royaume-Uni soit notifiée début septembre. Et préviennent : le marché unique ne pourra pas être à la carte. Pas question donc de demander le libre-échange des marchandises sans la libre circulation des travailleurs. « L'accès au marché intérieur ne peut se faire qu'en respectant les quatre libertés fondamentales de l'UE, a affirmé la chancelière allemande Angela Merkel. La Norvège, par exemple, a plein accès au marché intérieur, et elle accepte en contrepartie ces quatre libertés ». A savoir la liberté de circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes.

Des libertés que le président François Hollande estime aussi indissociables. « Il ne peut pas y avoir de dérogation. On ne peut pas prendre trois libertés et en écarter une quatrième, notamment la liberté de circulation des personnes. Si le Royaume-Uni voulait au terme de cette négociation accéder au marché intérieur, il faudrait que le Royaume-Uni en accepte toutes les règles », a expliqué le président français.

Londres peut donc s’attendre à des négociations de sortie compliquées. La City pourrait même perdre ses privilèges. François Hollande a déjà appelé les places financières européennes à se tenir prêtes pour la remplacer.

François Hollande rejette la remise en cause du traité du Touquet

Si le bras de fer est désormais engagé entre le Royaume-Uni et l’Europe, le président français a affirmé le maintien des relations bilatérales. Dans la défense, car les deux pays ont des liens étroits depuis de longues années, mais aussi dans la gestion des migrants. Pas question de dénoncer le traité du Touquet, a déclaré François Hollande. Après le Brexit, plusieurs responsables français, Alain Juppé et Xavier Bertrand en tête, avaient réclamé la remise en cause de cet accord, conclu en 2003, qui vise à contenir l’immigration clandestine vers le Royaume-Uni.

Quelques premières bornes ont ainsi été posées sur les nouvelles relations entre Londres et ses futurs ex-partenaires. Sur la nouvelle impulsion à donner à l’Europe, les travaux pratiques commencent. Mais cette fois, il y a urgence, estime François Hollande, car les populistes et les extrémistes sont en embuscade. L’Europe n’a plus le choix, « rien ne serait pire que le statu quo ». « Les populistes, les extrémistes, ne veulent plus simplement changer telle ou telle orientation de l’Europe, mettre en cause la Commission, mais veulent la fin de l’Europe. Donc, si l’Europe ne réagit pas, si les pays membres ne se donnent pas un programme, une initiative suffisamment forte, pour protéger, pour donner plus de prospérité et plus d’espoir à la jeunesse, on va avoir ce processus qui va continuer inexorablement », prédit le président français.

Pas d'impact sur la France selon Hollande

Par ailleurs, dans une interview exclusive au quotidien économique Les Echos, François Hollande assure que le Brexit ne devrait pas avoir, dans l’immédiat, d’impact sur la reprise en France. Mais pour cela, il faut lever rapidement les incertitudes sur les futures relations du Royaume-Uni avec l’Europe. François Hollande se montre intransigeant sur l’attitude à adopter avec Londres.

Pour le président français, le Brexit sonne la fin du passeport européen pour la City. Et à en croire le chef de l’Etat, ce n’est pas négociable. Le Royaume-Uni redevenant un pays tiers, la City doit donc perdre ce fameux passeport financier, qui permet à une banque implantée à Londres d’opérer sur tous les marchés de la zone euro.

Défenseur d’une ligne dure face au Royaume-Uni, François Hollande estime, également, que les opérations de compensation en euros ne pourront plus se faire à Londres. Le gouvernement britannique a en effet longtemps bénéficié de dérogations alors même que le Royaume-Uni n'était pas membre de la zone euro. Objectif avoué du président : tirer profit d’un éventuel retrait de la City pour rendre plus attractive la place financière de Paris.

Mais si François Hollande estime que le Brexit n’aura pas d’effet immédiat sur la reprise en France, il s’inquiète en revanche des conséquences d’une éventuelle récession outre-Manche sur la zone euro et donc, par ricochet, sur la France.

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