A la mi-journée, dans le quartier de San Isidro, dans le coeur de la capitale, qui avait voté majoritairement pour Podemos en décembre dernier, les gens se pressent dans les bureaux de vote. Selon leur classe d'âge, ils votent plutôt en faveur du changement -les jeunes- ou de la stabilité - les plus âgés, rapporte notre envoyé spécial Tudor Tepeneag.
Autre bureau de vote, un peu plus tôt, près de la gare d'Atocha à Madrid. Un quartier représentatif de la classe moyenne. « La participation semble, pour l’instant, un peu plus faible que la fois d’avant, explique à RFI Andrès, chômeur de 29 ans et assesseur pour le mouvement Podemos. Je ne sais pas s’ils sont fatigués de voter ou s’ils sont déçus. L’image que donnent les médias sur l’absence de gouvernement a peut-être démobilisé une partie de l’électorat. »
Pourtant, de nombreux Madrilènes pensent, comme ce couple de retraités que RFI a rencontré, qu’il faut voter à tout prix, pour débloquer la situation politique dans le pays. « C’est un jour important, très important. Voter c’est toujours important ! C’est le moment de décider ! Et il y a beaucoup de choses en jeu. La stabilité… et beaucoup d’autres choses. Pardi, plutôt qu’un mauvais accord, il vaut mieux refaire les élections ! » Et justement, certains électeurs ont confié avoir changé récemment leur choix politique initial, pour faire bouger les choses.
L'Espagne en quête d'une majorité de gouvernement
Le déblocage institutionnel dans lequel se trouve l’Espagne, un pays qui est habitué à la stabilité gouvernementale en général, est l’enjeu principal de ces élections. Les législatives de décembre n’ont en effet pas permis la formation d’un gouvernement. Chaque camp et chaque dirigeant des quatre grands partis sont restés campés sur ses positions et sur ses intransigeances, explique notre correspondant à Madrid, François Musseau.
Beaucoup craignent que ces législatives de dimanche n’apportent pas une plus grande clarté.
« Une chose est claire : personne ne va avoir la majorité absolue. Et ça va être très difficile de construire une majorité. Sans culture d'alliances, et lorsqu'on pense davantage à l'avenir des partis politiques qu'à celui des citoyens, l'Espagne doit forcément changer », analyse Jesus Villalta, professeur en sciences politiques à l'Université Carlos III de Madrid. Et d’ajouter : « On est en train de nous dire que non seulement on vit mal à l'heure actuelle, mais ce sera encore pire dans le futur. Il faut se préparer à tout ça. Si quelqu'un pense que rien de grave ne va se passer, il se trompe ! »
Pedro Sánchez, l'homme pivot ?
Le tenant de la droite et l'actuel Premier ministre, Mariano Rajoy devrait l’emporter mais étant donné son isolement, sa victoire devrait être stérile.
Face au Premier ministre, le parti socialiste semble être la clé de ces législatives. Son leader Pedro Sánchez pourra s’il le veut appuyer une grande coalition à l’allemande, avec la droite, mais son camp n'y est pas favorable.
L’autre solution serait de former un front de gauche avec Podemos, mais là encore, ce sera compliqué, car les socialistes ne sont pas favorables. Ils estiment que ce mouvement n’a d’autre intention que de prendre leur place et de les marginaliser d'autant que, selon les récents sondages, les alternatifs de Podemos surclasseraient leur rival socialiste.
Quel que soit le scénario, la formation d’une coalition stable au pouvoir sera très difficile, au point même qu’on évoque déjà l’hypothèse d’un troisième scrutin législatif d’ici décembre.