« Le vent tourne, c'est le moment », a déclaré Virginia Raggi à Rome, aux premières heures ce lundi, promettant, si elle est élue, de s'attaquer à la corruption, au clientélisme et jusqu'aux petites incivilités quotidiennes des conducteurs et usagers romains, qui sont devenues la norme dans la capitale.
Cette avocate de 37 ans a creusé l'écart dans la capitale italienne, où les Romains, très désabusés par des années d'immobilisme et de laisser-aller, lui auraient accordé plus de 36% de leurs voix, selon ces sondages.
Virginia Raggi pourrait donc affronter au second tour, prévu le 19 juin, Roberto Giachetti, 55 ans, candidat du Parti démocrate (PD), qui a lui recueilli entre 23% des voix, selon une projection pour la RAI, la télévision publique, et 21,8%, selon une autre diffusée par la chaîne Sky. Or, cette même chaîne donne un pourcentage presque identique (21,5%) à Giorgia Meloni, candidate de la droite, soutenue entre autres par la Ligue du Nord populiste et anti-immigrés de Matteo Salvini.
Les autres sondages accordent en revanche une avance plus nette à M. Giachetti, ce qui lui permettrait d'accéder au second tour. Si ce résultat devait se confirmer à Rome, il permettrait au chef du gouvernement italien de pousser un soupir de soulagement, tant le Parti démocrate semblait mal parti au début de la campagne pour ces municipales, après la démission forcée de l'ancien maire de centre-gauche, Ignazio Marino, pour une affaire de fausses notes de frais.
Coup dur pour Berlusconi
Loin derrière, le candidat de la droite classique, Alfio Marchini, adoubé par l'ancien Premier ministre Silvio Berlusconi, ne recueillerait qu'entre 10 et 14% des voix. Ce résultat, là encore s'il devait être confirmé, est un coup dur pour le magnat des médias face à son rival à droite, Matteo Salvini.
Le résultat dans la capitale est l'objet de toutes les attentions car le cas de Rome est particulièrement emblématique d'une certaine Italie empêtrée dans les « affaires ». Rome est administrée depuis octobre 2015 par un commissaire extraordinaire, nommé par le gouvernement, depuis la démission d'Ignazio Marino.
Démocrates et centre-gauche en tête à Milan, Turin et Bologne
A Milan, c'est le candidat du centre-gauche, soutenu par M. Renzi, et ancien patron de l'exposition universelle 2015, Giuseppe Sala, qui arrive en tête, avec plus de 43%, selon ces sondages. Il est talonné par son adversaire de droite Stefano Parisi (37%). A Turin et à Bologne, les candidats du PD caracolent en tête tandis qu'à Naples, le maire sortant Luigi di Magistris, indépendant et fortement critique envers le gouvernement, est arrivé très nettement en tête avec plus de 42% des voix, selon ces sondages.
Plus de 13 millions d'Italiens, répartis dans 1 342 communes, étaient appelés à voter ce dimanche pour ces élections municipales partielles. Le taux de participation, quasiment définitif, avait atteint quelque 63% passé minuit (22h TU), en baisse par rapport aux dernières élections locales.
Pour Matteo Renzi, ces élections locales ne sont qu'une étape avant le référendum constitutionnel de cet automne qui fera office de vote couperet. En octobre, les Italiens seront appelés à valider par référendum une importante réforme approuvée en avril par le Parlement qui limite les pouvoirs du Sénat et est censée donner une stabilité gouvernementale au pays. Or, Matteo Renzi l'a répété : si la réforme est rejetée, il quittera son poste de président du conseil.
(Avec AFP et Reuters)