Italie: le Mouvement Cinq étoiles aux portes de Rome?

En Italie, treize millions d'électeurs environ étaient appelés ce 5 juin aux urnes pour des municipales dans un peu plus de 1 300 communes. Des scrutins qui se déroulaient dans plusieurs grandes villes comme Milan, Naples, Bologne et encore Turin. Là, les candidats issus du Parti démocrate de Matteo Renzi s'en sortent plutôt bien, malgré la baisse de la popularité du chef du gouvernement. En revanche, à Rome, c'est une autre paire de manches : une jeune femme y arrive en tête, Virginia Raggi, candidate du Mouvement Cinq étoiles de Beppe Grillo, réalise une percée inédite.

Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir

Virginia Raggi, avocate de 37 ans, réalise cette percée (environ 35% des voix) parce qu’elle représente avant tout un mouvement qui n’a jamais gouverné Rome et donc, sans lien avec les scandales sur les affaires de corruption qui ont dévasté moralement et financièrement la ville éternelle. Elle est suivie par Robert Giachetti, candidat du Parti démocrate de Matteo Renzi (centre-gauche) qui obtient 25% des voix et de la candidate d’extrême droite, Giorgia Meloni (20,68%), soutenue par la Ligue du Nord de Matteo Salvini. Le second tour se tiendra le 19 juin.

« Le vent tourne, voici le moment venu ! », a dit la candidate, aux premières heures de lundi. La force de Mme Raggi, c’est aussi son empathie, sa capacité à convaincre les déçus des partis traditionnels. Lors de son meeting de clôture sur la place du Peuple, ce qui était frappant, c’est de voir, non pas uniquement des quadragénaires ou des jeunes comme au Mouvement Cinq étoiles, mais beaucoup d’anciens sympathisants du Parti démocrate, des Romains âgés de plus de 60 ans, séduits par sa fraîcheur. Or, Rome compte 160 sexagénaires pour 100 personnes de moins de 30 ans. C’est donc un bassin électoral déterminant.

Ce qui pourrait changer dans la vie des Romains

Virginia Raggi, qui fait de l’honnêteté son grand étendard, promet une administration transparente, rationnelle, afin de permettre à Rome d’en finir avec son endettement chronique et de retrouver le sens de l’intérêt collectif.

Elle s’engage à faire enfin fonctionner normalement les transports publics, à rendre la ville plus écologique, plus attentive aux quartiers périphériques. Elle le dit elle-même, Elle n’a pas de « baguette magique » pour relancer en quelques mois une ville indigne d’une capitale européenne. Mais si elle est élue, elle sera très encadrée car, pour le Mouvement Cinq étoiles, la renaissance de Rome serait la preuve de la capacité de ce parti à gouverner le pays.

A Turin et à Bologne, les candidats du PD caracolent en tête tandis qu'à Naples, le maire sortant Luigi di Magistris, indépendant de gauche et fortement critique envers le gouvernement, est arrivé en tête avec plus de 42% des voix.

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