Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir
Virginia Raggi, avocate de 37 ans, réalise cette percée (environ 35% des voix) parce qu’elle représente avant tout un mouvement qui n’a jamais gouverné Rome et donc, sans lien avec les scandales sur les affaires de corruption qui ont dévasté moralement et financièrement la ville éternelle. Elle est suivie par Robert Giachetti, candidat du Parti démocrate de Matteo Renzi (centre-gauche) qui obtient 25% des voix et de la candidate d’extrême droite, Giorgia Meloni (20,68%), soutenue par la Ligue du Nord de Matteo Salvini. Le second tour se tiendra le 19 juin.
« Le vent tourne, voici le moment venu ! », a dit la candidate, aux premières heures de lundi. La force de Mme Raggi, c’est aussi son empathie, sa capacité à convaincre les déçus des partis traditionnels. Lors de son meeting de clôture sur la place du Peuple, ce qui était frappant, c’est de voir, non pas uniquement des quadragénaires ou des jeunes comme au Mouvement Cinq étoiles, mais beaucoup d’anciens sympathisants du Parti démocrate, des Romains âgés de plus de 60 ans, séduits par sa fraîcheur. Or, Rome compte 160 sexagénaires pour 100 personnes de moins de 30 ans. C’est donc un bassin électoral déterminant.
Ce qui pourrait changer dans la vie des Romains
Virginia Raggi, qui fait de l’honnêteté son grand étendard, promet une administration transparente, rationnelle, afin de permettre à Rome d’en finir avec son endettement chronique et de retrouver le sens de l’intérêt collectif.
Elle s’engage à faire enfin fonctionner normalement les transports publics, à rendre la ville plus écologique, plus attentive aux quartiers périphériques. Elle le dit elle-même, Elle n’a pas de « baguette magique » pour relancer en quelques mois une ville indigne d’une capitale européenne. Mais si elle est élue, elle sera très encadrée car, pour le Mouvement Cinq étoiles, la renaissance de Rome serait la preuve de la capacité de ce parti à gouverner le pays.
A Turin et à Bologne, les candidats du PD caracolent en tête tandis qu'à Naples, le maire sortant Luigi di Magistris, indépendant de gauche et fortement critique envers le gouvernement, est arrivé en tête avec plus de 42% des voix.