En Grèce, Manuel Valls rattrapé par le climat social en France

Manuel Valls est en visite en Grèce jusqu'à ce vendredi midi pour marquer le soutien de Paris à la politique d'Athènes pour résorber la dette publique. Accompagné du ministre des Finances Michel Sapin et du secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Harlem Désir, il a maintenu son déplacement malgré la forte contestation sociale en France.

Avec notre envoyée spéciale à Athènes, Valérie Gas

En France, la crise sociale continue de s’étendre mais Manuel Valls a tenu à maintenir son déplacement en Grèce. En plein mouvement de contestation contre la loi Travail, il est difficile pour le Premier ministre de s’éloigner de Paris. Il a décidé de maintenir son voyage à Athènes, mais il a renoncé à son prochain déplacement, prévu mi-juin au Canada. Un voyage qui devrait finalement avoir lieu à l'automne.

Déjà, au mois de mars, Manuel Valls avait décidé de reporter sa visite en Nouvelle-Calédonie et en Australie pour pouvoir engager des consultations avec les partenaires sociaux sur le projet de loi El Khomri.

Récemment encore, lors de son voyage en Israël, le Premier ministre avait été critiqué par Bruno Le Maire parce qu’il avait quitté la France, malgré les manifestations et les blocages de raffineries qui provoquaient des pénuries d’essence, ce qui l’avait obligé à se justifier à distance, en affirmant qu'avec les moyens de communication modernes, il pouvait suivre les événements de l'étranger. Cette fois-ci, Manuel Valls est arrivé en Grèce alors que les grèves perturbent les transports.

« Sentiment de gâchis »

Au rythme des déplacements du Premier ministre depuis trois mois, on se rend compte que le mouvement social ne faiblit pas en France et que la fermeté affichée par Manuel Valls n’a pas permis d’y mettre un terme. Le Premier ministre a d’ailleurs évoqué avant de partir de Paris son « sentiment de gâchis » à propos de ce long conflit qui pèse sur l’économie française.

Un sujet que le chef du gouvernement français a d'ailleurs évoqué avec son homologue Alexis Tsipras lors de leur diner à l’Acropole. Les deux Premiers ministres ont échangé leurs expériences. Et Manuel Valls en a conclu : « Je l’envie quand il passe un texte de plusieurs milliers de pages sans amendement ».

Changement de climat

Une tentative pour détendre l’atmosphère sur le dossier délicat de la contestation de la loi Travail. Une contestation que Manuel Valls veut voir d’un œil plus apaisé. En marge de son déplacement à Athènes, le Premier ministre a ainsi déclaré : « J’entends moins parler de retrait de la loi Travail. C’est bien que le climat change ».

Pas question pourtant de reconnaitre que certaines négociations sociales en cours à la SNCF ou dans l’aviation civile ont pu participer à ce changement de climat. « Il n’y a pas de troc », affirme Manuel Valls. Pas de possibilité non plus de retirer le texte ou de modifier l’article 2.

Le Premier ministre est toujours ferme sur la loi Travail mais avec une cote de popularité en chute libre. Manuel Valls ne le nie pas mais déclare : « Je n’agis pas en regard des sondages, je suis dans une conviction ». Et pour essayer de reprendre l’initiative, le Premier ministre va participer ce mercredi 8 juin à un meeting à Paris sur la loi Travail. Meeting contre manifestation, à chacun sa démonstration de force.


Le soutien de Paris à Athènes pour résorber la dette publique

La visite du Premier ministre français, qui doit dîner avec son homologue grec Alexis Tsipras ce jeudi 2 juin avant des entretiens le lendemain vise à marquer le soutien de Paris à la politique d'Athènes pour résorber la dette publique, selon Matignon.

La France va oeuvrer pour que les efforts de redressement économique de la Grèce « soient soutenables par les Grecs eux-mêmes », a déclaré Manuel Valls, au premier jour de sa visite officielle. Sur la question des réfugiés et migrants, dont 52.318 restent bloqués en Grèce, le pays doit « avoir le soutien et la solidarité de l'Europe », a également souligné le Premier ministre français.

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