Avec notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette
C'est une décision lourde de conséquence qui a été prise par les députés ce vendredi matin. Les élus ont voté la levée de leur propre immunité parlementaire, comme le souhaitait le président Recep Tayyip Erdogan.
Une décision qui concerne tous les partis, mais surtout le parti prokurde HDP : presque tous ses députés sont visés par des procédures judiciaires, pour propagande ou soutien au terrorisme du PKK. Le chef du HDP, Selahattin Demirtas, lui-même ciblé par une enquête, parle de « coup d'Etat ». Cinquante des 59 députés pro-kurdes pourraient ainsi être mis en état d'arrestation dans les jours à venir.
Le président Erdogan, qui a promis de « sortir les traîtres du parlement », devrait rapidement valider la décision des députés. Ses détracteurs l'accusent de vouloir ainsi museler les élus qui s'opposent à son projet de régime présidentiel. Dans un pays déjà sous haute tension, le vote d'aujourd'hui risque surtout de polariser encore davantage la Turquie autour de la question kurde.
C'est une mauvaise nouvelle pour nous mais pas seulement : pour la démocratie et pour tous les peuples que nous représentons, explique à RFI Eyyup Doru, représentant du HDP en Europe. « Nous sommes le seul parti à avoir des députés chrétiens, des députés arméniens, des députés arabes, turkmènes, asssyro-chaldéens, yézidis... le seul parti qui représente toutes les couleurs de la Turquie ! » s'insurge Eyyup Doru. Si le parti est empêché d'exercer son rôle, comment parler de démocratie et de diversité en Turquie ?