Avec notre envoyée spéciale à Strasbourg, Anastasia Becchio
« Il y a un désaccord entre le gouvernement de la Turquie et nous. » Le constat dressé par le président du Parlement Martin Schulz est largement partagé par les eurodéputés. Seul le ton est différent, bien moins policé. Pour Marine Le Pen, la chef de file du groupe d'extrême droite au Parlement : « Le président Erdogan ne fait que jouer avec les cartes que vous lui avez laissées. Il entend faire céder l'Europe grâce à l'arme migratoire et, comme dans tout racket, il vous promet de vous protéger de la menace qu'il a lui-même créée. »
Pour obtenir une levée des visas, les Turcs doivent notamment changer leur loi antiterroriste, trop souvent utilisée contre les opposants au régime, disent les Européens. « Impossible », a rétorqué le chef de la diplomatie turque, Volkan Bozkir, à l'issue de son entretien avec Martin Schulz, soulignant au passage que les accords conclus avec les Vingt-Huit faisaient face à un moment « très dangereux ».
La députée d’extrême gauche Marie-Christine Vergiat, dénonce un chantage : « L'Union européenne étant obnubilée par les questions des migrants, M. Erdogan tient en effet son outil de chantage. Peu importe ce qui se passe en Turquie, peu importe que les Kurdes se fassent massacrer et que la démocratie soit remise en cause de façon croissante dans ce pays ! »
Dans ce contexte, le président du Parlement européen a décidé de ne pas transmettre à l'examen des eurodéputés la proposition législative d'exemption des visas pour les Turcs, pour cette session.