Grèce: adoption de la réforme des retraites en marge de l'Eurogroupe

Le Parlement grec a adopté dans la nuit de dimanche à lundi une réforme controversée des retraites et des impôts. Le texte a été voté par les partis de la coalition gouvernementale, Syriza (gauche) et Anel (souverainiste), quelques heures avant une réunion ce lundi des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles.

Tous les partis de l'opposition, dont Nouvelle Démocratie (droite), ont voté contre ce texte contesté par les syndicats et qui prévoit la réduction des retraites les plus élevées, la fusion des multiples caisses d'assurance, l'augmentation des cotisations, des taxes et de l'imposition surtout pour les moyens et hauts revenus. Le gouvernement a par ailleurs décidé d'abaisser le seuil minimum de revenu pour pouvoir être imposé sous la barre des 9 000 euros annuels.

L'adoption de ces mesures était l'une des conditions fixées par les créanciers de la Grèce pour débloquer une nouvelle tranche d'aide. Athènes a besoin de ce nouveau prêt pour rembourser 2,3 milliards d'euros de dette, détenus par la Banque centrale européenne, dette qui arrive à échéance à la mi-juillet.

Le projet de loi intitulé « Un système unifié de sécurité sociale, réforme du système des retraites et règlement de l'impôt sur le revenu » a été voté à la veille d'une réunion importante ce lundi des ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe) à Bruxelles. L'Eurogroupe doit se pencher sur l'évaluation des réformes effectuées par la Grèce après avoir été dictées par ses créanciers, UE et FMI, en contrepartie d'un prêt international accordé au pays en été 2015. Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, s'est voulu optimiste. Il a déclaré : « Le pays a pratiquement atteint ses objectifs de réformes ».

Allègement de la dette

La discussion sur l'allègement de la dette, qui représente 180% du produit intérieur brut grec, figure également sur l'ordre de jour de cette réunion, une première depuis le début de la crise grecque en 2010, s'est félicité dimanche soir devant l'Assemblée le Premier ministre grec Alexis Tsipras.

« Je voudrais dire aujourd'hui, avec de la prudence, sans grands mots et sans fanfare, parce qu'une négociation complexe et difficile est en cours, que c'est une journée très importante. Après six années entières pendant lesquelles les institutions européennes se sont réunies constamment pour discuter de la crise économique grecque et n'ont abordé que des mesures d'austérité, l'Eurogroupe se réunit avec son programme quotidien et avec l'allègement de la dette grecque. Ce qui était pendant tant d'années une simple hypothèse sera demain officiellement sur la table, ce sera à l'ordre du jour ».

Un optimisme qui semble partagé par Pierre Moscovici. Selon le commissaire européen aux affaires économiques et financières, « on demande à la Grèce de faire un programme de réformes très ardu : réforme des retraites, de l'impôt sur le revenu, création d'une agence indépendante de perception des impôts... (...) Je pense que nous pourrons constater que pratiquement tout le chemin a été fait dans la préparation de cette réforme, et ce sera un message important ».

Manifestations

Les syndicats grecs se sont opposés à cette réforme des retraites et des impôts et se sont mobilisés ces trois derniers jours en appelant à une grève générale vendredi et samedi et en organisant de nombreuses manifestations. Au total 26 000 personnes selon la police ont manifesté dimanche à Athènes et Thessalonique (nord). C'est peu par rapport à d'autres manifestations, mais ce week-end, il y en a eu plusieurs de ce type. Aux abords du Parlement dimanche soir sur la place Syntagma à Athènes de brefs incidents ont opposé un groupe de jeunes et des policiers qui ont tiré des gaz lacrymogènes. Le mouvement a commencé vendredi par une grève générale de deux jours à l'initiative des syndicats du public et du privé.

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