La zone interdite autour de Tchernobyl - 30 kilomètres de large autour de la centrale nucléaire - retourne peu à peu à la nature, rapporte notre envoyé spécial à Tchernobyl, Laurent Geslin. La ville de Pripiat, surnommée autrefois « la ville de l’atome », et où vivaient les employés de la centrale, a été envahie par la végétation et les animaux sauvages. Les renards et les ours y sont de retour
Des dizaines de milliers de personnes vivent encore en Ukraine et en Biélorussie, dans des zones contaminées par le Strontium-90, par le Césium-137. Dans ces régions pauvres, les habitants n’ont souvent pas les moyens d’acheter des produits alimentaires dans les magasins. Alors ils se nourrissent en ramassant des champignons dans la forêt ou en mangeant des pommes de terre cultivées dans des zones contaminées.
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On trouve donc dans les villages ukrainiens des taux très élevés de cancer de la thyroïde, chez les enfants notamment. On constate également une augmentation des risques cardiovasculaires, des anomalies chromosomiques chez les enfants, des syndromes de stress post-traumatiques chez les personnes évacuées sans qu’il soit possible d’évaluer concrètement le nombre de décès liés aux retombées radioactives.
Pour rappel, 600 000 liquidateurs ont été employés par le régime soviétique entre 1986 et 1989 pour construire le premier sarcophage et décontaminer les sols où plus d’un million de mètres cubes de déchets ont été enterrés. Plusieurs centaines de milliers de personnes ont vécu des années dans des villages contaminés avant d’être évacuées par le régime soviétique et beaucoup d’entre elles y vivent toujours encore aujourd’hui.
Commémorations discrètes en Russie et mobilisation en Biélorussie
Les trois pays les plus touchés par la catastrophe ont été l'Ukraine, où se situe la centrale, la Russie et la Biélorussie. Côté russe, cet anniversaire n'est pas loin de passer inaperçu, commente notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne, de retour de Biélorussie. Aucune cérémonie importante n'est prévue, si ce n'est un rassemblement dans un cimetière proche de Moscou, où sont enterrés des liquidateurs qui ont payé de leur vie leur mission.
Le gouvernement sera représenté seulement par le vice-ministre des Situations d'urgence. Conséquence, cette politique de profil bas sur Tchernobyl entraîne une diminution de l'inquiétude des Russes face au nucléaire. Seules 33 % des personnes interrogées contre 56 % il y a cinq ans pensent qu'une catastrophe comme celle de Tchernobyl peut se reproduire.
En Biélorussie - le pays le plus pollué par la catastrophe avec un quart des terres contaminées -, le président Loukachenko va se rendre dans les régions les plus touchées, où il répètera le credo officiel, à savoir que la lutte contre les conséquences de la catastrophe est une priorité du gouvernement.
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Une conférence internationale se tient depuis ce lundi à Minsk sous l'égide de l'ONU, qui doit approuver un programme d'aide humanitaire et de développement économique et social des régions touchées. Le gouvernement biélorusse se réjouit de la tenue de ce forum qui va dans le sens de sa politique, celle d'une réhabilitation des territoires pollués. L'opposition biélorusse, elle, va marquer cette journée par une manifestation baptisée « la voie de Tchernobyl », un défilé désormais annuel, autorisé par le pouvoir.