Naufrage en Méditerranée: des rescapés témoignent

Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés déplore le naufrage d'un bateau de migrants en mer Méditerranée. Il y aurait près de 500 morts en tout. 41 rescapés ont été récupérés par un navire marchand des Philippines qui les a amenés au port de Kalamata, au sud-ouest de la Grèce. Parmi eux, deux Somaliens, Muhidiin Hussein Ali Waash et Abdulkadir Mahomet. Témoignages.

Avec notre envoyée spéciale à Kalamata, Charlotte Stievenard

Muhidiin Hussein Ali Waash, 32 ans, a quitté Mogadiscio pour aider sa femme et ses enfants parce que le pays n'est pas sûr. Avec ses six frères, ils ont embarqué non loin de la frontière égyptienne. Il explique avoir a payé 1 500 dollars pour un voyage vers la mort.

« Il y avait un autre bateau devant nous. Il était parti avant en mer. Le capitaine de notre bateau, il a dit qu'il y avait 200 personnes dans le nôtre et qu'ils devaient aller dans l'autre bateau. Qu'il n'y en aurait qu'un qui partirait en Italie. Il nous a dit de nous préparer, qu'on irait un par un. Ensuite les gens ont commencé à passer un par un, raconte-t-il. Mes frères sont partis dedans et il n'y avait plus que 31 personnes dans notre bateau. Leur bateau a commencé à se balancer. Je l'ai vu couler sous mes yeux. Le capitaine a commencé à crier, "le bateau coule, le bateau coule". J'ai vu les gens, peut-être 200, qui nageaient. Les autres, beaucoup de gens n'avaient pas de gilet de sauvetage. J'ai pleuré, j'ai dit que mes frères étaient dedans... Je ne pouvais rien faire, je ne pouvais pas aller là-bas, parce que je ne pouvais pas les aider ».

Abdulkadir Mahomet, autre passager somalien, raconte lui comme ils sont partis de Libye sur une plus petite embarcation pour rejoindre un plus grand bateau déjà plein. Il confirme que tout s'est joué après que le passeur a transféré la majorité des passagers vers le navire qui devait rejoindre l'Italie. Il se trouvait sur le bateau quand celui-ci a commencé à sombrer.

« Quand ça [le transfert de passager, ndlr] s'est terminé, Il ne restait que 31 passagers et le plus gros bateau a coulé. Je fais partir de ceux qui étaient dans le grand. Quand il a coulé, j'ai commencé à nager vers le petit, témoigne-t-il. J'ai été aidé par un ami, il m'a lancé une corde, il a attrapé ma main et il m'a aidé à monter. Ensuite, j'entendais les gens nager, crier : "nous avons besoin d'aide". Mais personne ne pouvait aider, personne ne pouvait aider. »

L'enfer des migrants en attente de départ de Libye

Les migrants restent souvent plusieurs mois avant de pouvoir payer la traversée vers l'Europe.

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