Breivik remporte son procès contre l'Etat norvégien pour traitement «inhumain»

Anders Behring Breivik vient de gagner son procès contre l'Etat norvégien, reconnu coupable de mauvais traitement à son encontre. Anders Behring Breivik a tué 77 personnes en 2011, sur l'île d'Utoya. Depuis, le coupable est en prison. En Norvège, ce jugement est une véritable surprise.

Avec notre correspondant à Oslo,  Grégory Tervel

Anders Behring Breivik et son avocat Oeystein Storrvik n’étaient pas apparus sur la même longueur d’onde le mois dernier. Le terroriste réclamait surtout de pouvoir établir des relations avec ses sympathisants. Il n’est pas suivi sur ce point par la Cour, qui juge que les restrictions à son droit à la vie privée sont justifiées par des impératifs de sécurité.

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La Cour a en revanche donné raison, et c’est une surprise générale en Norvège, à l’avocat de Breivik, qui soutenait que le régime d’isolement auquel son client est soumis depuis bientôt cinq ans était exagéré. Elle estime que la durée de l’isolement, le manque de mesures de compensation, les rares possibilités de s’aérer à l’extérieur, et les fouilles dénudées et répétées constituent dans l’ensemble un traitement dégradant au sens de la convention européenne des droits de l’homme.

L’Etat norvégien va donc devoir modifier le régime de détention de son prisonnier le plus surveillé et le plus coûteux, pour lui offrir davantage de socialisation, avec d’autres détenus par exemple.

Traitement de faveur

Et ce malgré des conditions matérielles de détention plutôt enviables par rapport à beaucoup d’autres pays européens. Le meurtrier d'Utoya bénéficie d'un véritable traitement de faveur, avec trois cellules pour lui tout seul, une console de jeux vidéo, des appareils de musculation, une télévision avec lecteur DVD, des livres, des journaux et une machine à écrire.

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En 2011, Anders Behring Breivik a tué 77 personnes, pour la plupart des jeunes travaillistes qu’il a abattus de sang-froid. Sa condamnation à la peine maximum – 21 ans – en Norvège pourra être prolongée tant qu’il sera considéré comme dangereux.

Proches et survivants déçus

Personne en Norvège, et surtout pas ceux qui avaient suivi le procès le mois dernier, ne s’attendait à un jugement favorable à Anders Behring Breivik.

Personne, sauf peut-être son avocat Oeystein Storrvik. « Nous avons gagné sur le fait que l’isolement est reconnu comme violation des droits de l’homme, c’est pour cela que nous avions intenté ce procès, explique-t-il. Breivik doit maintenant avoir des contacts avec d’autres personnes. »

Les survivants et proches de victimes des attentats de 2011 se disent déçus et étonnés par le jugement. Ils sont tout de même soulagés que Breivik n’ait pas obtenu gain de cause à propos des restrictions qui lui sont imposées sur ses correspondances et sur son droit à recevoir des visites.

Lisbeth Royneland préside le groupe de soutien aux victimes. « Je pensais vraiment que l’Etat gagnerait ce procès, regrette-t-elle. Mais je suis quand même contente qu’il continue à être empêché de propager ses idées et d’établir des contacts avec d’autres extrémistes de droite. Pour nous c’est le plus important. »

Breivik ne fera pas appel du jugement. L’Etat norvégien se retrouve lui en plein dilemme : soit il renonce à l’appel et devra alors modifier le régime de détention du terroriste vers un isolement moins strict, soit il fait appel et offre une nouvelle tribune médiatique à Breivik à travers un nouveau procès.

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