Norvège: lors de son procès contre l'Etat, Anders Breivik se compare à Mandela

L'extrémiste de droite Anders Behring Breivik, qui a tué 77 personnes en Norvège en 2011, est en procès contre l'Etat sur ses conditions de détention. Il accuse les autorités norvégiennes de vouloir le tuer dans sa détention.

Avec notre correspondant à Oslo, Grégory Tervel

C’est une question de vie ou de mort. Voilà comment Anders Behring Breivik a présenté ce procès qu’il intente aux autorités norvégiennes. « Je suis traité comme un animal depuis cinq ans, a-t-il maintes fois répété. Je suis maintenu en isolement qui est la pire méthode de torture qui existe. Peu de gens auraient survécu aussi longtemps que moi. Je ne suis pas loin de craquer ».

Pendant ces trois heures passées à la barre, l’extrémiste a clairement cherché à se faire passer pour un martyr. Son discours ne manque pas de contradictions. Par exemple, lorsqu’il certifie n’être plus militant et s’être converti au pacifisme, tout en assurant qu’il se battra pour le nazisme jusqu’à sa mort. Il est même allé jusqu’à se comparer à Nelson Mandela qui « comme lui, dit-il, était devenu non-violent en prison ».

Le décalage est frappant entre le discours de l’avocat de Breivik, qui cherche à atténuer le degré d’isolement de son client, et celui du terroriste jugé sain d’esprit en 2012, pour qui seules des relations avec des personnes partageant plus ou moins ses idées présentent un intérêt. Ulrik Fredrik Malt est psychiatre, il avait témoigné lors du procès de 2012 qui avait conclu à la responsabilité pénale du terroriste.

« Il n’a absolument pas changé depuis son procès il y a quatre ans. Dans sa personnalité, dans sa façon de se présenter ou de présenter ses idées, tout est exactement pareil. Ce dont il se plaint, ce n’est pas de séquelles psychologiques dues à l’isolement. Ce dont il se plaint, c’est de ne pas avoir le droit de rencontrer ou de communiquer avec d’autres néo-nazis. C’est ça qu’il appelle torture ou traitement inhumain. Par ce procès, il cherche à la fois à utiliser les médias pour faire passer son idéologie politique, et à faire pression sur la démocratie en jouant sur la problématique des droits de l’homme afin d’obtenir un peu plus de possibilités d’entrer en contact avec ceux qui partagent ses idées », explique-t-il. 

Il ressort du discours de Breivik une extrême paranoïa, un narcissisme exacerbé et le sentiment qu’il a intenté ce procès pour faire passer, grâce aux médias, ses idées politiques. Aucun expert ne semble déceler chez lui de séquelle psychologique due à l’isolement dans lequel il est maintenu depuis 5 ans. Son avocat aura bien du mal à convaincre la Cour du contraire.

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