La France était la cible initiale des auteurs des attentats de Bruxelles

Aux lendemains de son arrestation, le vendredi 8 avril à Bruxelles, Mohamed Abrini a livré ses premiers aveux. Le suspect clé des attentats de Paris a reconnu qu’il était également lié aux attaques de Bruxelles et qu’il était l’homme au chapeau qui apparaît sur les images de vidéosurveillance de l’aéroport Zaventem, aux côtés de deux kamikazes. Aussi, il révèle que son groupe projetait d’attaquer à nouveau la France avant de se rabattre dans l’urgence sur Bruxelles.

« Plusieurs éléments de l'enquête » amènent à penser que la cible première de la cellule jihadiste basée à Bruxelles, était à nouveau la France, a confirmé dimanche 10 avril le parquet fédéral belge dans un communiqué.

Selon lui, si c'est à Bruxelles que les attentats ont finalement eu lieu, c'est en raison de l'avancée de l'enquête sur les attaques du 13 novembre. Pour le parquet, le groupe dont faisait partie Mohamed Abrini a alors été « pris de court » et a décidé de modifier ses plans.

« Le parquet fédéral confirme qu'il ressort de plusieurs éléments de l'enquête que l'objectif du groupe terroriste était de frapper à nouveau la France et que c'est pris de court par l'enquête qui avançait à grands pas qu'ils ont finalement décidé dans l'urgence de frapper Bruxelles », explique-t-il.

L'arrestation de Salah Abdeslam élément déclencheur ?

Les avancées de l'enquête évoquées ne sont pas détaillées. Mais l'arrestation de Salah Abdeslam, quatre jours avant les attaques de Bruxelles, n'est certainement pas étrangère à cette précipitation des événements. Ceci appuie une des premières hypothèses des autorités belges qui estimaient que les attentats de l'aéroport Zaventem et du métro Maelbeek, le 22 mars, pouvaient être des répliques à l'interpellation de Salah Abdeslam.

Certes, celui qui était le principal suspect en fuite dans l'enquête sur les attentats du 13 novembre affirme n'être au courant de rien concernant les attaques de Bruxelles. Mais il est bel et bien lié à quatre des cinq principaux protagonistes de cette seconde opération terroriste. Lié à Mohamed Abrini et Osama Krayem, arrêtés vendredi et qui auraient joué a minima un rôle de logisticien. Lié aussi à Khalid el Bakraoui et Najim Laachraoui, deux des kamikazes du 22 mars.

Les pièces manquantes du puzzle entre l’activité des terroristes survivants après les attentats de Paris et le film des événements le 22 mars commencent désormais à toutes se mettre en place. Mohamed Abrini a en effet également reconnu être le l'homme au chapeau apparaisant sur les images de vidéosurveillance de l’aéroport Zaventem. Et les enquêteurs disposent également de l'identification formelle d'Osama Krayem comme le deuxième suspect du métro.


Ni confirmation ni infirmation des autorités françaises

L'objectif était-il vraiment de frapper la France ? Les terroristes avaient-ils l'intention de tenter de traverser la frontière avec leurs explosifs ? La France, membre de la coalition combattant le groupe EI en Syrie et en Irak, est une cible privilégiée des jihadistes.

L'annonce des autorités judiciaires belges n'a d'ailleurs pas semblé surprendre, côté français. L'ampleur de la menace n'est pas une découverte, fait valoir le ministère de l'Intérieur.

Quant au chef du gouvernement, en déplacement à Alger, il s'est refusé - dit-il - à toute spéculation. Pas de confirmation ni d'infirmation. Mais tout de même, pour Manuel Valls, c'est « la preuve des menaces très élevées qui pèsent sur toute l'Europe et sur la France ».

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