de notre correspondante à Rome,
Le maire de Riace est la surprise de cette liste du magazine Fortune. Domenico Lucano, « Mimmo » pour les intimes, a démontré qu’il est possible d’accueillir des réfugiés dans la dignité et que leur présence peut redonner vie à un village.
L'histoire remonte à 1998, lorsqu’une centaine de Kurdes échouèrent sur une plage, distante de 7 km du bourg médiéval. À l’époque, Domenico Lucano était un jeune enseignant, très engagé dans le volontariat. Aidé de ses amis, il décida d’accueillir ces Kurdes à Riace. De fil en aiguille, une association, « Città Futura », a été constituée pour rénover des logements de villageois qui avaient émigré au Canada ou en Australie, dans les années 60. Grâce au prêt octroyé par une banque éthique, une centaine de maisons ont pu être mises à disposition des réfugiés. Certains y sont restés quelques mois. D’autres y ont reconstruit leur vie.
Enseignement de l'italien et travail
Aujourd'hui le village de Riace compte près de 2000 habitants et parmi eux, un quart sont des réfugiés provenant de divers pays : Afghanistan, Érythrée, Éthiopie, Nigéria ou encore Somalie. Et tous bénéficient d’un programme d’insertion financé par l’État (depuis 2002) qui prévoit une allocation de 35 euros par jour et par personne, et inclut l’enseignement de l’Italien, pour les adultes, et la scolarisation des enfants.
Mais ce qui caractérise Riace, c’est la formation professionnelle. Domenico Lucano, maire depuis 2004, ayant eu l’idée de relancer des traditions artisanales locales. Il y a donc des ateliers-boutiques de céramique, de broderie et de tissage, où Calabrais et réfugiés travaillent côte à côte. Il y aussi eu des créations d’emploi dans l’agriculture et dans les services d’entretien. Si bien que Riace est aussi soigné et fleuri qu’un village suisse !
Le village reprend vie
ll n’y a pas que Riace et son école qui ont pu renaître. Ses habitants, aussi, se sont épanouis comme ce charmant septuagénaire qui racontait à RFI que ses yeux brillaient à nouveau parce que la présence de jeunes femmes avec des enfants, l’avait sorti de sa léthargie. De fait, les familles, dont les enfants étudient ou travaillent dans le Nord de l’Italie, jouent souvent le rôle de grands-parents, parrains et marraines…
Il s’agit, certes, d’une expérience à petite échelle. Mais c’est un modèle d’accueil réussi qui pourrait être reproduit partout en Europe où tant de villages se meurent, faute de projets de revitalisation humaine et économique.