A Athènes, place Victoria, les réfugiés sont au centre de l'attention

Alors qu’un sommet européen sur les migrants se tient ce lundi à Bruxelles, avec la Turquie, et alors que les frontières des pays des Balkans ne laissent toujours passer les réfugiés qu’au compte-gouttes, plus de 33 000 réfugiés sont coincés en Grèce. Le gouvernement construit des centres d'accueil en urgence, mais ils étaient un certain nombre à dormir au centre-ville d'Athènes. Dans le cœur de la capitale de la Grèce, place Victoria, les habitants oscillent entre réserve et soutien aux réfugiés.

Avec notre correspondante à Athènes, Charlotte Stievenard

Il n'y a presque plus de réfugiés sur la place Victoria à Athènes car ils ont été évacués, mais toutes les cinq minutes, des Grecs arrivent, un ou deux sacs à la main. Aris, un jeune garçon de 18 ans est venu donner des vêtements. Il nous explique que malgré la crise, ils sont nombreux à faire le même geste. « Les difficultés sont nombreuses ces derniers temps. Il y a aussi beaucoup de Grecs qui ont des problèmes similaires peut-être aussi des sans-abri, des gens qui n'ont pas d'argent, qui ont faim. C'est sûr, les choses sont difficiles. Au-delà de ça, c'est une façon de montrer qu'il y a quelques valeurs qui se défendent. Ce sont des humains ».

Plus loin, une grand-mère courbée sur son cabas distribue du thé et des sandwichs. Cette femme de 67 ans est issue de la minorité grecque en Egypte, elle a aussi connu l'exode dans les années 1960. « La guerre c'est une très mauvaise chose, explique-t-elle. Quand vous partez pour éviter la guerre, quel que soit l'endroit où vous allez, chaque petit geste compte ». Cette grand-mère touche 500 euros de retraite par mois. Quand on lui demande comment elle paye ce qu'elle distribue, elle fait un clin d'œil : du thé j'en ai chez moi et pour le reste, il y a le marché.

Commerces « à vendre »

Tous les soirs, ces retraités se retrouvent dans ce café de la place Victoria. Leur principal sujet de conversation, les réfugiés qui dorment dans la rue et que la police vient d'évacuer. « Ils leur ont dit qu'ils doivent partir, aller là où on leur a préparé des endroits où ils peuvent se laver, manger, dormir. Ici ce n'est pas un endroit pour dormir », explique cette retraitée de 77 ans. Elle, avec les réformes économiques, elle a perdu la moitié de sa retraite aussi ne voit-elle pas comment aider. « Nous les Grecs qui n'avons pas de travail, nous partons à l'étranger et ce sont les autres qui arrivent. Qui va leur donner à manger à eux, pour vivre, comment ? Avec quoi ? »

Une table plus loin, un ancien marin se félicite lui aussi de voir la place à nouveau vide. « Parce qu'on ne voit pas cette saleté et cette tristesse ici : des gens couchés sur les carreaux ou quand les cafés ferment, couchés sur les sièges ». Une tristesse qui éloigne les clients. En signe de protestation, les propriétaires des cafés aux alentours ont tendu des banderoles avec écrit dessus « à vendre ».

Partager :