Dans sa déclaration, le président Erdogan se place au-dessus de tout le monde et tente habilement d’aborder la question humanitaire en Syrie. Pour lui, les différents acteurs du dossier syrien ne cherchent en réalité qu’à servir leurs propres intérêts. Personne n’est épargné : Russes, Américains, Européens, Iraniens, tous sont accusés par Recep Tayyip Erdogan, de ne pas être à la hauteur. Ils sont responsables, dit-il, de la mort de près d’un demi-million d’innocents tués par le régime de Damas et ses alliés.
Ce régime, bête noire du président Erdogan, la Turquie a tout fait pour le déstabiliser et essayer d’en finir avec Bachar el-Assad. Ankara a longtemps ouvert sa frontière et fermé les yeux sur le passage de milliers de jihadistes vers la Syrie. La véritable raison de cette colère du président Erdogan est en réalité la trêve négociée entre Moscou et Washington et qui doit débuter samedi en Syrie.
Ankara va poursuivre ses opérations
Ankara a deux craintes. La première : voir ce cessez-le-feu profiter au régime de Damas. La seconde : voir les Kurdes, ennemis historiques de la Turquie, inclus dans cette trêve. Ces deux possibilités fausseraient les calculs du président Erdogan, qui défend, lui aussi, ses propres intérêts. Le président Recep Tayyip Erdogan exige donc que les milices kurdes soient exclues de l'accord de trêve défini par la Russie et les Etats-Unis. Et, en dépit du cessez-le-feu annoncé, la Turquie est déterminée à poursuivre ses opérations contre les milices kurdes au nord d'Alep.
Pour le président turc, l'Etat islamique et les milices kurdes de Syrie, c'est du pareil au même. Ankara refuse donc que le Parti de l'Union démocratique kurde, le PYD, ainsi que sa branche militaire, soient inclus dans l'accord de cessez-le-feu qui doit entrer en vigueur vendredi soir. Le président turc s'est fait cinglant mercredi : « Faut-il que les terroristes kurdes fassent exploser des bombes en dehors de la Turquie ? », a-t-il demandé, pour que les chancelleries occidentales considèrent le PYD comme un mouvement terroriste.
« Il n'y a pas de bons et de mauvais terroristes », a encore insisté, le président Erdogan. Officiellement, la trêve annoncée a été saluée, mais sans conviction : Ankara ne croit pas à l'arrêt des bombardements de l'aviation russe dans le ciel syrien et confirme de toute façon que la Turquie va poursuivre ses opérations contre les milices kurdes, « si nécessaire ».