Avec notre envoyée spéciale à Berlin,
Fuocoammare, le feu sur la mer, c'est le titre d'une chanson populaire sicilienne. Mais l'expression peut aussi faire référence aux batailles navales de la Seconde Guerre mondiale, dont les anciens ont gardé la mémoire. Ou bien aux tragédies bien actuelles de ceux qui fuient les exactions et la guerre en Érythrée, Syrie, au Nigéria ou au Soudan, et qui s'amassent sur des bateaux de fortune, secourus par des garde-côtes.
Un portrait de Lampedusa
Le réalisateur Gianfranco Rosi ne privilégie aucune de ces pistes, mais compose avec ce film un portrait de Lampedusa sous forme de kaléidoscope, sans voix off ni commentaire. Son documentaire, sublimé par une photographie très travaillée, suit en parallèle la vie d'un garçon de douze ans, d'un médecin humaniste, et des migrants qui débarquent sur ce morceau de terre de 20 km carrés, entre Malte et la Tunisie.
« Nous sommes complices »
On passe sans transition de séquences dramatiques, montrant l'assistance à ces naufragés ou bien les cadavres qui s'entassent dans des bateaux épaves, aux facéties du jeune garçon sicilien. Ce qui ne confère que plus de force encore à ces images terribles. Avec ce film, Gianfranco Rosi affirme vouloir dénoncer cette tragédie : « nous sommes complices si nous ne faisons rien », a déclaré le réalisateur, très applaudi lors de sa conférence de presse.
► Le programme du 66e festival du film de Berlin, du 11 au 21 février.