Avec notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette
On peut dire que la Turquie agit rapidement dans cette affaire, et communique tout aussi rapidement les premiers éléments de son enquête pour mieux continuer d'agir. Il faut souligner qu'un nouveau convoi militaire a été attaqué ce jeudi matin, dans le sud-est du pays. Cette seconde attaque en 24 heures aurait fait, selon un premier bilan provisoire, sept morts parmi les soldats turcs.
Ce jeudi midi, le président Recep Tayyip Erdogan était en réunion avec les principaux chefs de l'état-major de Turquie, ainsi qu'avec les ministres de la Défense et de l'Intérieur. De source officielle, quatorze personnes ont été arrêtées dans l'enquête sur l'attentat de mercredi à Ankara. L'aviation turque a de surcroît bombardé la nuit dernière des positions du PKK dans le nord de l'Irak.
Ankara accuse le PKK et les YPG
Ce jeudi matin, c'est le Premier ministre turc qui s'est d'abord chargé de la communication. Ahmet Davutoglu a déclaré à la télévision que l'attentat de la veille, qui a tué 28 personnes dont 26 militaires turcs, a été commis par les YPG, les milices d'autodéfense kurdes de Syrie, avec le soutien du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan, principal mouvement rebelle kurde de Turquie également implanté en Irak.
M. Davutoglu a par ailleurs confirmé les informations publiées dans la presse auparavant : un ressortissant syrien d'origine kurde, un jeune homme de 24 ans nommé Salih Necer, aurait selon lui préparé l'attentat. Il serait entré en Turquie il y a quelques semaines. Ses empreintes digitales auraient été enregistrées à la frontière et il aurait loué la voiture ayant servi à l'attaque à ville d'Izmir, dans l'ouest.
Les mouvements kurdes démentent
Le Premier ministre et le président turc ont annulé leurs visites prévues à l'étranger ce jeudi. Le président Erdogan avait lancé un message particulièrement guerrier quelques heures après l'attentat, assurant que la Turquie allait riposter et se défendre, « à tout moment et en tout lieu ». L'attentat d'Ankara survient quatre mois à peine après celui qui avait fait 103 morts devant la gare centrale de la capitale turque lors d’une manifestation pour la paix.
Ce jeudi, un dirigeant du PKK a nié l'implication de son mouvement. Idem côté syrien, où la principale force politique kurde du pays, le PYD, a également rejeté en bloc les accusations d'Ankara, affirmant que ses groupes de défense n'avaient rien à voir dans l'attentat de mercredi. Mais les autorités turques insistent de nouveau : elle souhaiterait que ses alliés occidentaux, particulièrement les Etats-Unis, cessent de soutenir les forces kurdes du nord de la Syrie.