Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a une nouvelle fois mis en garde ce lundi les Kurdes de Syrie en prévenant que son pays ne les laisserait pas prendre le contrôle de la ville syrienne d'Azaz, près de la frontière turque. « Nous ne laisserons pas Azaz tomber, tout le monde doit clairement le savoir. Le YPG [Unités de protection du peuple, le bras armé du PYD ndlr], ne sera pas autorisé à avancer vers l'ouest de l'Euphrate et à l'est d'Afrin », a déclaré Ahmet Davutoglu.
« C’est l’obsession du gouvernement d’Ankara, la hantise de voir les Kurdes dans la région d’Afrin, juste à la frontière turque, faire leur jonction avec les Kurdes de Kobané, et donc de prendre le contrôle de toute la bande frontalière avec la Turquie et par voie de conséquence également, de couper la dernière route qui permettait à la Turquie de ravitailler les insurgés d’Alep-Est », explique David Rigoulet-Roze, chercheur à l'Institut français d'analyses stratégiques (Ifas).
Le Premier ministre turc a en outre sommé les combattants kurdes de Syrie de se retirer de l'aéroport de Minnigh, dont ils ont pris le contrôle la semaine dernière lors de leur avancée vers Azaz.
« Une sorte de balkanisation »
Pour David Rigoulet Roze, « il y a incontestablement un jeu kurde autonome ». Les Kurdes peuvent espérer asseoir leurs positions. « Dans la confusion générale, il y a une sorte de balkanisation avec une multiplication des acteurs avec leurs propres agendas, un axe turco-saoudien. »
Les Kurdes traditionnellement soutenus par les Russes, le sont désormais aussi par les Américains. Samedi soir, Washington a exhorté la Turquie à cesser de frapper les Kurdes et le régime syrien. « Il y a des risques d’engrenage avec des jeux d’alliance, on le voit bien. C’est une configuration extrêmement dangereuse. »