Varsovie et Cracovie en Pologne, Prague en République tchèque, Bratislava en Slovaquie, mais aussi Amsterdam, Dublin, Birmingham ou Calais en France. Pegida, jusqu’à présent avant tout un phénomène régional, dont les émules à l’extérieur de la Saxe en Allemagne et ailleurs en Europe sont restées peu nombreuses, veut ce samedi prouver que le combat des « Patriotes européens contre l’islamisation de l’occident », le nom in extenso du mouvement, peut séduire plus largement.
Le politologue Hans Vorländer, qui vient de sortir un livre sur Pegida, ne croit pas vraiment à une dimension européenne du mouvement. Dans de nombreux pays en effet, des partis populistes et extrémistes occupent déjà ce créneau. « Pegida exploite la crise des réfugiés pour tenter de réussir ce qui n’a pas fonctionné dans le passé, à savoir créer un mouvement européen. A Dresde, au moins 10 000 personnes vont manifester, mais une telle affluence est inenvisageable dans d’autres villes européennes », analyse-t-il.
C’est à nouveau à Dresde que Pegida devrait mobiliser ce samedi avec 15 000 supporters attendus, explique notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut. Dix mille contre-manifestants veulent en face d’eux prouver que la ville n’appartient pas aux anti-islam. Malgré un fort déploiement policier, des heurts sont à craindre.
Interdiction de manifester à Calais
Même inquiétudes à Calais, en France. Dans cette ville du nord où vivent près de 4 000 migrants, une manifestation de soutien aux exilés avait dégénéré il y a deux semaines. Pour prévenir d'éventuelles violences, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a décidé d'interdire les rassemblements pro et anti-réfugiés prévus ce samedi. Mais les organisateurs appellent les habitants à braver cet interdit.
Pour Edgar Gretten, l'un des deux organisateurs de la manifestation contre les migrants, la décision de l'Etat ne remet rien en cause. « Interdiction ou pas interdiction, elle sera maintenue, assure-t-il. On n’a pas à se laisser dicter le droit d’exprimer son avis. Le droit de manifester est un droit constitutionnel. On n’y va pas du tout pour casser, on ne veut pas d’actes de violence. »
La préfecture du Pas-de-Calais redoute également la réponse des militants No Border, présents à Calais pour soutenir les migrants. Une réponse qui pourrait être synonyme de débordements. « Si les militants d’extrême gauche ou d’extrême droite sont présents à Calais, ils s’exposeront à des sanctions et ils seront bien entendu dispersés. Calais n’a pas à être un terrain d’affrontements entre extrémistes », affirme Etienne Desplanques, directeur de cabinet de la préfecture du Pas-de-Calais.
Mais Calais n'est pas la seule ville de France à tomber sous le coup d'une telle décision. Les militants bretons de Pegida ont eux aussi reçu l'interdiction de manifester ce samedi à Saint-Brieuc.