De notre bureau de Bruxelles,
C’est une proposition de compromis de 16 pages que Donald Tusk met entre les mains des gouvernements européens en vue du sommet du 18 février. Après trois mois de tractations sur les quatre demandes principales de David Cameron, les Européens lui font de véritables concessions, mais elles pourront paraître arides aux électeurs britanniques.
Le seul point où il n’y a pas de véritable concession, c'est la gouvernance de la zone euro dans laquelle le Royaume-Uni devrait être impliqué, selon le Premier ministre. Là les Européens se contentent de répondre du bout des lèvres qu’ils garantissent aux pays qui n’ont pas adopté l’euro qu’ils ne subiront pas de discrimination commerciale.
En revanche, sur la question de la souveraineté, les Parlements nationaux auront le droit de réclamer le blocage d’un projet de loi européen, mais ils devront représenter environ 55% de la population et des pays.
Sur la difficile question des allocations sociales retirées aux immigrants provenant de l’UE, elles pourront être suspendues temporairement s’il existe des risques de déstabilisation du marché du travail et du système de sécurité sociale.
Réactions très partagées au Royaume-Uni
Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
Stratégiquement, c’est devant les employés britanniques du puissant groupe industriel Siemens que David Cameron a choisi de réagir aux propositions de Donald Tusk. Le Premier ministre s’est félicité de « réels progrès » et a estimé que les propositions européennes permettaient le « changement substantiel » qu’il réclame pour rester au sein de l’Europe.
Le chef du gouvernement affirme donc avoir obtenu ce qu’il voulait et si le sommet de février à Bruxelles entérine cet accord, le référendum promis pourrait être organisé à la date de plus en plus citée du 23 juin.
Mais cet enthousiasme prudent, partagé très discrètement par une partie du camp pro-européen, a été immédiatement et violemment douché par les eurosceptiques. Le chef de la campagne Leave EU, qui milite pour quitter l’Union européenne, a parlé de « farce » et estime que le statu quo perdure.
Le compromis sur un frein d’urgence à propos des allocations aux migrants européens n’est pour les eurosceptiques absolument pas suffisant car ce frein sera progressif, Londres ne sera pas libre de l’appliquer seul, et les migrants pourront continuer à envoyer leurs allocations même moindres, à leurs enfants restés dans leur pays d’origine, ce que voulait pourtant interdire le gouvernement.
David Cameron entend leur répondre mercredi lors d’une déclaration cette fois au Parlement.